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Violences à Bangui en Centrafrique, 21 morts

VIOLENCES MEURTRIÈRES EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

BANGUI (Reuters) - Vingt et une personnes ont été tuées et une centaine d'autres blessées samedi dans des violences interreligieuses à Bangui, capitale de la République centrafricaine, a-t-on appris de sources médicales. Il s'agit des violences les plus meurtrières depuis le début de l'année dans la ville, où des troupes françaises et des casques bleus de l'Onu s'emploient à maintenir la sécurité. Les violences semblent avoir été commises pour venger la mort d'un jeune musulman dont le corps avait été retrouvé gisant dans une rue près de l'aéroport, ont rapporté des témoins. Des musulmans ont quitté leur fief du 3e arrondissement de la capitale et ont ouvert le feu dans le 5e arrondissement, un quartier majoritairement chrétien de la ville, où des maisons et des voitures ont été incendiées. Des milliers d'habitants ont dû fuir vers d'autres quartiers de la capitale. Le siège de la Voix de la Paix, radio musulmane de la capitale, et une église du 5e arrondissement comptent parmi les bâtiments attaqués. Le quartier a été survolé par des hélicoptères de la Minusca, la force des Nations unies dans le pays, mais rien n'a vraiment été entrepris pour faire cesser les attaques, ont déclaré des habitants. Le ministre de la Sécurité, Dominique Saïd Paguindji, a imputé la responsabilité de ces violences à des éléments des milices chrétiennes "anti-balaka", de l'alliance musulmane Séléka et à des partisans de l'ex-président François Bozizé qui chercheraient à semer le chaos pour le faire revenir au pouvoir. Ces groupes armés ne se soumettent pas à la logique du désarmement et veulent diviser le pays, a-t-il dit. Tous ces gens ont le même intérêt à vouloir gâcher la transition et arrêter les élections à venir. Les électeurs centrafricains doivent élire un nouveau président et un nouveau parlement le 18 octobre afin de remplacer le gouvernement intérimaire dirigé par la présidente Catherine Samba-Panza. Les préparatifs du scrutin traînent en longueur et le chef du parlement intérimaire a laissé entendre que le vote pourrait être à nouveau reporté. Bangui a été épargnée par les violences pendant des mois jusqu'à de récentes attaques à la grenade qui ont fait deux morts et de nombreux blessés le 10 septembre dernier. La République centrafricaine avait sombré dans le chaos en mars 2013 quand les rebelles de la Séléka, en majorité musulmans, avaient pris le pouvoir, entraînant une riposte des miliciens anti-balaka et une partition de facto du pays. La France avait envoyé sur place plusieurs milliers de soldats fin 2013 pour tenter de ramener le calme. La force française Sangaris a aujourd'hui réduit ses effectifs, se réarticulant pour atteindre son format actuel de force de réaction rapide – en appui de la Minusca. Environ 900 militaires sont déployés dans l'opération Sangaris aux côtés des 10.500 militaires et policiers de la Minusca, selon le ministère français de la Défense. (Crispin Dembassa-Kette, Guy Kerivel, Eric Faye et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)