«Il y a vingt ans, questionner la virilité à Avignon, c’était martien»

L’épisode 7 du feuilleton citoyen quotidien de David Bobée «Mesdames, Messieurs et le reste du monde» était une carte blanche à Virginie Despentes. Entretien.

AAvignon, il y a les rock stars de la pensée. A l’heure où cogne un soleil sans pitié, midi pile, la détermination des spectateurs ne plie pas. Les éventails sont inopérants, les nuits courtes, mais dès le matin on attend devant les grilles. Ce n’est pas Beyoncé au Stade de France, mais Virginie Despentes au jardin Ceccano. L’an dernier, Christiane Taubira avait déjà été invitée en guest dans ce feuilleton quotidien, gratuit, «citoyen» (en ce qu’il aborde de grands sujets de société via des petites formes) que le festival organise en en confiant la programmation chaque année à un artiste différent. Cette édition, David Bobée, artiste, militant, est aux manettes et a donné carte blanche à Despentes et sa complice Béatrice Dalle. La comédienne donne le premier uppercut avec King Kong Théorie,«j’écris de chez les moches, pour les moches […] toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf». Les jeunes gens qui la rejoignent viennent déclamer la pensée féministe politique des années 70, solaire, puissante et blessée. Despentes finira par la bouleversante «Lettre à Teresa», de Leslie Feinberg, à son ancienne amante. Et par un café, pris au débotté avec Libé, quelques heures plus tard. Rencontre caniculaire.

Le genre au cœur du Festival, c’était imaginable il y a dix ans ?

Impensable. On n’aurait pas eu l’impression que c’était suffisamment important. Pour la première fois, on commence à questionner la virilité. Il y a vingt ans, c’était martien. Si tu fais une analyse précise de la programmation, on n’est sûrement pas très loin de ce qu’il se passait il y a dix ans. On est toujours un sexe d’appoint, nous les femmes. Si on a un truc sur dix, on a l’impression que le quota est respecté. Les hommes parlent tellement bien des femmes, ce serait dommage de demander aux femmes de parler des hommes. Il y a encore plein (...)

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