Un millier de civils exfiltrés d'une mosquée en Centrafrique

par Serge Léger Kokopakpa BANGUI (Reuters) - Le millier de civils qui avaient trouvé refuge dans une mosquée de Bangassou, en Centrafrique, pour échapper à des attaques de miliciens chrétiens anti-balaka, ont pu en être exfiltrés sains et saufs, a annoncé lundi un porte-parole de l'Onu. "Je peux confirmer que la mosquée est désormais vide. Les derniers 250 hommes qui étaient à l'intérieur jusqu'à cet après-midi ont été exfiltrés", a déclaré à Reuters Hervé Verhoosel, porte-parole de la mission de l'Onu en Centrafrique (Minusca). Les soldats de la Minusca ont dû ouvrir le feu sur les combattants anti-balaka qui encerclaient la mosquée, a-t-il ajouté. Selon l'Onu et des travailleurs humanitaires, les miliciens ont tué au moins 20 à 30 habitants de Bangassou en trois jours et semblaient viser spécifiquement les membres de la communauté musulmane de cette ville du sud-est du pays. Un camp de l'Onu a aussi été pris pour cible et des casques bleus supplémentaires ont été déployés à Bangassou. Les soldats onusiens ont réussi à rétablir le calme dans une partie de la ville dans la soirée de dimanche mais des combats se poursuivaient lundi dans d'autres secteurs, a précisé Hervé Verhoosel. "La situation est extrêmement déplorable et nous faisons tout pour reprendre rapidement le contrôle de Bangassou", a déclaré le chef de la mission, Parfait Onanga-Anyanga, lors d'une interview à Reuters. Interrogé sur le nombre de victimes civiles, il a dit "envisager des chiffres qui pourraient facilement atteindre 20 à 30" décès. Nombre de combattants sont des enfants soldats qui semblent sous l'emprise de drogues, a-t-il ajouté. La région de Bangassou, frontalière de la République démocratique du Congo, avait jusqu'à présent été relativement épargnée par les violences dans lesquelles la Centrafrique s'est enfoncée en 2013. Mais la situation s'est brutalement dégradée cette semaine après l'attaque d'un convoi de l'Onu dans laquelle cinq casques bleus ont été tués. Selon les travailleurs humanitaires, les milices constituées sur fond de rivalités ethniques et religieuses ont tiré avantage du départ, au cours des derniers mois, des soldats français et ougandais qui étaient déployés dans la région à la fin de leur mission. Le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, s'est dit "scandalisé" par les attaques contre la Minusca. Le Premier ministre centrafricain, Simplice Sarandji, a condamné ces attaques dans un communiqué lu dimanche à la radio d'Etat et promis que leurs auteurs auraient à rendre des comptes devant la justice. (avec Emma Farge à Dakar; Julie Carriat et Tangi Salaün pour le service français)