Les villes reprennent le contrôle de leur eau

De nombreuses collectivités ont tourné la page du privé pour gérer elles-mêmes leur service des eaux. Prix en baisse et modernisation du réseau, les habitants des métropoles concernées s'en félicitent.

Quand il voit les packs alignés au supermarché, il se sent "agressé". L'eau en bouteille, une hérésie pour Eric Piolle, le maire Europe Ecologie-Les Verts de Grenoble. Ses quatre enfants ont été biberonnés à l'eau de sa ville. Dans les maternités et les écoles, elle coule à flots. Pur et non traité, le liquide made in Alpes s'est imposé partout. Et encore plus depuis que, de la source au robinet, ce sont les citoyens eux-mêmes qui l'entretiennent. "Cette eau qu'on donne à boire à nos nourrissons, c'est la reconquête collective d'un bien qui avait été corrompu", tonne l'édile de la cité iséroise.

Grenoble mais aussi Aix-en-Provence, Nice, Montpellier, Paris, Brest, Albi, Rennes, etc. Durant la dernière décennie, nombreuses sont les villes à avoir remunicipalisé leur service des eaux après des années de gestion privée. La goutte qui a fait déborder le vase? Les scandales de corruption et de financement ­occulte qui ont éclaboussé ce juteux marché de 9 milliards d'euros par an, et entaché les délégations de service public (DSP) confiées aux grands sourciers (Veolia, Suez, Saur…).

De l'affaire Carignon à Grenoble à celle des eaux usées en Ile-de-France, le manque de transparence a poussé les collectivités à rompre des concessions qui existaient parfois depuis plus de cinquante ans! "Ça a été un séisme", se souvient Sylvain Barone, chargé de recherches en science politique à l'Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture (Irstea...


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