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"Les villages sont dévastés": le témoignage d'un Français qui a participé à la libération de Kherson

Max, combattant français en Ukraine rattaché au 131e bataillon de renseignement de l'armée de Kiev. - Capture d'écran BFMTV
Max, combattant français en Ukraine rattaché au 131e bataillon de renseignement de l'armée de Kiev. - Capture d'écran BFMTV

"C'est tout à fait ma guerre". Max, un ressortissant français engagé aux côtés de l'armée ukrainienne, est revenu ce mardi pour BFMTV sur la libération de la ville de Kherson, à laquelle il a pris part, engagé au sein du 131e bataillon de renseignements de l'armée ukrainienne.

Cette ville de l'est de l'Ukraine, que Moscou avait désigné capitale de la région homonyme occupée, a été définitivement libérée des soldats russes vendredi 11 novembre, avant que le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'y réalise une visite surprise le lendemain.

Des "milliers" de mines

Symbole victorieux de la contre-offensive ukrainienne entamée dans l'est du pays depuis la fin de l'été, la reprise de cette ville a été permise par le retrait des forces de Moscou, dépassées par l'avancée des Ukrainiens.

"On se déployait sur les deux fronts. (...) Des mines, il y en avait des milliers, tous les 10 mètres. Les Russes espéraient qu'on attaque avec des véhicules blindés... Ce qui a été le cas sur certains axes, mais on a aussi utilisé beaucoup d'infanteries, et ça s'est relativement bien passé", a expliqué Max à BFMTV.

"Les Russes étaient sur le départ, donc il n'y a pas eu d'énormes combats dans la zone où j'étais", explique-t-il.

Peu de "dégâts collatéraux"

Après l'occupation russe de la ville, le pire était redouté concernant le sort réservé aux quelque 200.000 habitants de Kherson. Beaucoup craignaient de voir se répéter le funeste scénario de Marioupol, où Moscou avait visé dans la première partie de son offensive à de multiples reprises la population, dans une maternité et un théâtre.

Mais avec une armée russe affaiblie et parfois découragée par le peu d'avancées territoriales réalisées en neuf mois de conflit, le scénario a été différent à Kherson. "Plus on s'approche de la ville et mieux c'est, car les combats n'ont pas été énormes. (...) L'artillerie ukrainienne a pu éviter tout les dégâts collatéraux", a confié Max.

Il a également évoqué un tout autre scénario près de ce qui constituait la ligne de front: "Il y a une ligne de démarcation, où des combats acharnés ont eu lieu pendant des mois avec l'artillerie. Les villages sont dévastés."

Et bien que les civils ont été en grande partie épargnés à Kherson, Volodymyr Zelensky a révélé que "toutes les infrastructures cruciales" de la ville avaient été détruites.

"Au début, c'était la pagaille"

Le témoignage de Max, qui s'était déjà engagé aux côtés des forces kurdes en Syrie pour lutter contre Daesh, vient confirmer le changement de dynamique observé sur le terrain, avec une armée ukrainienne désormais à l'initiative des combats, poussant au départ les Russes.

"Au début, quand je suis arrivé, c'était la pagaille, la panique. Ça faisait deux semaines que le conflit avait démarré. C'était très dur", a reconnu le Français.

"Mais maintenant, les choses ont évolué, il y a plus de coordination, la tactique a changé...", a-t-il expliqué, reconnaissant l'importance des canons Caesar livrés par la France, "qui permettent de taper loin" dans les lignes ennemies.

Encouragé par les récentes victoires ukrainiennes, Max n'envisage pas de rentrer prochainement en France: "Tout se passe bien, le moral est là, je suis dans une équipe internationale qui est très solide, nos missions se passent bien."

"C'est tout à fait ma guerre, pour soutenir la liberté du peuple ukrainien. C'est normal de montrer la solidarité internationale: non, l'Ukraine n'est pas russe et je soutiens leur droit à exister. Donc il y a aussi une histoire de défense de l'Europe, je trouve ça normal d'être solidaire avec eux", a-t-il estimé ce mercredi.

Article original publié sur BFMTV.com