Dans le village de Jimmy Carter, Trump en vedette

Rick Pape (à droite) et son épouse visitent la bourgade de Plains à l'occasion du centenaire de l'ancien pésident américain Jimmy Carter, le 1er octobre 2024 (CHANDAN KHANNA)
Rick Pape (à droite) et son épouse visitent la bourgade de Plains à l'occasion du centenaire de l'ancien pésident américain Jimmy Carter, le 1er octobre 2024 (CHANDAN KHANNA)

Dans la bourgade de Plains, dans l'Etat américain de Géorgie, l'ancien président démocrate Jimmy Carter est la star locale, lui qui a grandi et vécu dans le coin. Pourtant, à en croire les pancartes devant les maisons, Donald Trump lui vole la vedette.

Il n'est pas rare de les voir plantées à côté d'autres pancartes, célébrant elles le 100e anniversaire de Jimmy Carter, inédit pour un président américain.

Mais cette fidélité au locataire de la Maison Blanche entre 1977 et 1981 ne marque en aucun cas une appartenance au Parti démocrate ou un soutien à Kamala Harris pour la présidentielle du 5 novembre.

Jimmy Carter "a toujours aimé cette ville, aimé les gens et aimé cet endroit", explique à l'AFP Mitchell Smith, qui a grandi en Géorgie (sud-est) à quelques kilomètres de Plains.

L'homme de 48 ans, qui dit avoir de la famille qui connaissait le président centenaire, assure toutefois qu'il votera pour Trump.

"Il n'y a rien dans le programme démocrate à quoi je peux m'identifier", affirme-t-il.

Les deux anciens présidents s'opposent par leur style: Trump est connu pour sa grandiloquence, quand Carter était réputé pour sa civilité.

"Trump n'est pas tellement ma tassé de thé au plan de la personnalité mais j'ai les mêmes vues politiques que lui", reprend Mitchell Smith, qui dirige une organisation religieuse à but non lucratif.

D'ordinaire, les chrétiens évangéliques blancs tendent à voter républicain alors que les Afro-américains penchent plutôt pour les démocrates. Ces deux catégories sont très représentées dans le comté de Sumter, où se trouve Plains.

Depuis près de deux ans, Jimmy Carter reçoit des soins de fin de vie dans la modeste maison que ce prix Nobel de la paix, ancien cultivateur d'arachide, partageait à Plains avec sa défunte épouse Rosalynn.

Sa famille a récemment assuré qu'il voulait rester en vie assez longtemps pour voter pour Kamala Harris le 5 novembre.

- "Ils l'adorent" -

A Plains (environ 600 habitants), les rappels à Jimmy Carter ne manquent pas. Il y a cette statue loufoque de cacahuète qui arbore le sourire de l'ancien président démocrate ou cette grande bannière en centre-ville l'honorant.

Même son domicile, entouré d'une haute palissade et surveillé par le Secret Service, est un arrêt pour les touristes.

Autour, les autres maisons affichent des pancartes de soutien à Trump. C'est le cas également près de son ancien lycée ou du centre-ville historique.

Les pancartes pour Harris sont comparativement peu nombreuses.

Une nièce de Jimmy Carter, Kim Fuller, souligne qu'un de ses plus proches amis est un "farouche supporter de Trump". "S'il vient et que vous lui parlez de la vice-président Harris, il partira", prévient-elle.

Cela n'a pas empêché cet homme d'écraser une larme de nostalgie quand il a récemment parlé avec elle de Carter, d'après Mme Fuller.

"Les gens qui ont des pancartes Trump s'offusquent si on leur dit que c'est un manque de respect pour (Carter), car dans l'ensemble ils l'adorent", poursuit la nièce de l'ancien président et gouverneur de Géorgie.

Le comté de Sumter a voté à 52% en faveur du démocrate Joe Biden à la présidentielle de 2020, comme quelques autres comtés du sud-ouest de la Géorgie.

"C'est surprenant qu'ils tolèrent des pancartes Trump dans ce coin", s'amuse Rick Pape, 76 ans, un touriste visitant Plains cette semaine pour les cent ans de Carter.

La Géorgie est un des Etats qui vont décider du sort de l'élection dans près d'un mois et où Harris et Trump se livrent bataille pour convaincre les électeurs encore hésitants.

Comment Jimmy Carter prendrait-il le fait que sa ville natale soit acquise à la cause de Trump ? "Il n'aimerait pas ça", répond sa nièce Kim Fuller. "Mais il le respecterait."

bfm/bpe/pno