« Viktor Orban a fait de l’Europe un continent angoissé de l’immigration », estime l’eurodéputée socialiste Chloé Ridel

« Envoyer des bus de migrants à Bruxelles ». C’est la menace brandie, il y a deux semaines, par le gouvernement hongrois de Viktor Orban, qui refuse de payer l’amende de 200 millions que lui a infligé la justice européenne, pour non-respect du droit d’asile. Un chantage critiqué au sein de la sphère européenne, et notamment à la gauche du Parlement européen. Pour l’eurodéputée socialiste Chloé Ridel, interrogée dans l’émission Ici l’Europe, sur France 24 et Public Sénat, « en quelques années, Viktor Orban a fait de l’Europe un continent angoissé de l’immigration. C’est lui qui en 2015 s’est saisi de la crise migratoire, et de tous ces Syriens qui fuyaient leur pays en guerre, pour faire avancer sa vision catastrophiste et xénophobe de la migration. A tel point que quand on veut nous faire du mal maintenant, on nous fait ce qu’on appelle du chantage migratoire. Il suffit d’acheminer quelques migrants à nos frontières pour créer de la crise politique. »

Pour le député hongrois, Andras Laszlo, membre du Fidesz, le parti de Viktor Orban, et du groupe des Patriotes pour l’Europe au Parlement européen, un groupe créé à l’initiative du Premier ministre hongrois, allié au Rassemblement national, « la Hongrie n’a pas de vision catastrophiste de la migration. On a tout simplement tiré les leçons de la France, de l’Allemagne, des Pays-Bas, de la Suède et on a l’avantage de voir de ce qui se passe des années plus tard, des décennies plus tard. On respecte la libre circulation des personnes dans l’espace Schengen mais il faut comprendre que tous les réfugiés du monde n’ont pas le droit de venir en Europe. »

Rencontre avec Vladimir Poutine : “Viktor Orban a craché au visage de la résistance ukrainienne”

Autre point de tension entre la Hongrie et les autres Etats-membres de l’Union européenne : la guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie. Le dirigeant hongrois a souvent menacé de mettre son veto à l’aide militaire à l’Ukraine. A peine arrivé à la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, Viktor Orban est allé à Moscou au Kremlin rencontrer Vladimir Poutine, afin de parler de l’avenir du conflit. Une initiative personnelle sans aucune consultation de ses partenaires européens. Cette visite « c’est un crachat à la figure de la résistance ukrainienne », estime Chloé Ridel. « J’observe que deux jours après que Monsieur Orban a été à Moscou, la Russie a bombardé un hôpital à Kiev et l’a entièrement détruit. C’était l’équivalent en surface de l’hôpital Necker à Paris. C’est comme ça qu’il a répondu à la soi-disante politique du dialogue de Monsieur Orban, qui n’est qu’une politique de la faiblesse. »

« J’aimerais bien voir tous les leaders européens faire autant d’efforts que Viktor Orban pour relancer des négociations de paix », lui a répondu Andras Lazslo. « Il faut aussi préciser que deux jours avant sa visite à Moscou, Viktor Orban est allé à Kiev pour parler avec Volodymyr Zelensky. » Cette tournée diplomatique a été dénoncée par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Etat de droit : bras de fer entre la Hongrie et l’Union européenne

Les relations entre cette dernière et le dirigeant hongrois, ont été très tendues ces dernières années, sur la question de l’Etat de droit. Le dernier rapport de la Commission européenne sur le sujet, publié cet été, affirme qu’il y a « un problème systémique concernant l’Etat de droit en Hongrie ». Pour forcer Viktor Orban à faire des efforts dans ce domaine, Bruxelles a gelé des dizaines de milliards d’euros de fonds européens destinés à Budapest. « La Hongrie est une parodie de démocratie », commente Chloé Ridel.  « Il n’y a plus de liberté de la presse, plus de liberté de la recherche, et les moyens de l’État sont utilisés au bénéfice de la campagne électorale de Monsieur Orban. »

Alors que le discours de Viktor Orban devant le Parlement européen, dans le cadre de la présidence européenne de la Hongrie, a été annulé deux fois, (la seconde fois à cause des inondations en Hongrie), l’eurodéputée socialiste considère qu’il « n’est pas nécessaire que Viktor Orban vienne s’exprimer dans l’hémicycle qui représente la démocratie européenne. »