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VIH/Sida : les enfants séropositifs laissés pour compte

Chinnapong/shutterstock.com

Médecins sans Frontières dénonce le manque d’intérêt et de moyens alloués au développement de thérapeutiques spécifiques au VIH pédiatrique.

Dans le monde, « seuls 52% des enfants séropositifs recevaient un traitement en 2017 », dénonce Médecins Sans Frontières (MSF). Et « la moitié d’entre eux continuent de recevoir » des molécules non-adaptées et sont donc exposés « à un risque accru d’effets secondaires, de résistance et d’échec du traitement ».

En cause ? « L’incapacité des sociétés pharmaceutiques à développer rapidement et à rendre disponibles des formulations appropriées de médicaments anti-VIH pour les enfants. » L’organisation rapporte en effet « des difficultés des pays en développement à fournir aux enfants séropositifs les traitements recommandés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), car les versions pédiatriques des médicaments antirétroviraux qui les composent n’y sont pas disponibles ».

La seule option disponible reste aujourd’hui d’employer les molécules anciennes. Pour la plupart, ces dernières « risquent de ne plus fonctionner [du fait] de l’augmentation de la résistance aux médicaments anti-VIH existants dans les pays d’Afrique subsaharienne », déclare le Dr David Maman, coordinateur médical de MSF au Malawi. « Il nous faut de meilleures options de traitement pour les nourrissons et les enfants aussi. Combien de temps les enfants séropositifs devront-ils continuer à souffrir ou à mourir à cause de ce manque d’intérêt et d’investissement ? », interroge-t-il.

« Pas une priorité pour les industriels »

Représentant une faible part de marché, le VIH pédiatrique ne relève pas de la « priorité, ni pour les grandes sociétés pharmaceutiques, ni pour les producteurs de médicaments génériques ». Un argument financier qui ne fait qu’éloigner la mise au point « de nouvelles formulations de médicaments pédiatriques ».

Un exemple ? Indiqué par l’OMS en première ligne chez les nourrissons et les enfants, « le dolutégravir n’est toujours pas disponible pour les enfants ». En revanche la population séropositive adulte y a accès depuis 2013. Les plus jeunes en restent privés « car la société pharmaceutique ViiV Healthcare n’a pas encore finalisé les essais nécessaires et enregistré une formulation de comprimé dispersible pour les jeunes enfants. »

A noter : « en 2017, les infections associées à la phase avancée de la maladie, le sida, ont tué 110 000 enfants dans le monde. »