« Sur le vif » : Thomas Giddings signe une série dans le pur héritage de la street photography
La street photography a ses héros : Robert Frank, Lee Friedlander, Garry Winogrand, Saul Leiter, Vivian Maier… Ils ont arpenté les trottoirs de Los Angeles, de New York ou de Chicago dans les années 1960. Ils composaient leurs images comme des collages modernes fondés sur la multiplication des plans, la rupture des lignes et l’exacerbation des contrastes. Ils transformaient les villes américaines en forêts de signes, en jeux de piste : ombres portées, reflets dans l’œil d’or des miroirs et des vitres. Cette photographie de rue américaine a ses héritiers. Thomas Giddings, jeune Anglais établi aux États-Unis, en fait partie. Il signe une série de mode qui se fond dans le décor urbain et électrique de Los Angeles.
Comme Lee Friedlander ou Saul Leiter, dont il revendique la double influence, son œil cyclope se livre sur les corps en mouvement à un vol à l’étalage caractérisé, harponnant une silhouette capée de lumière, un buste menu gainé de maille, un torse avantagé par un blouson oversize ou le compas de jambes graciles dépassant d’une minijupe noire. Le monde est une matière solide dont il prélève des fragments tel un diamantaire facettant des pierres dures de couleur pour en obtenir le juste éclat. Ici, le bleu piscine d’une devanture encore assoupie. Là, le gris souris d’une robe plissée, le vert céladon d’une table de...