Vietnam : trois ans de prison pour un avocat ayant critiqué la justice sur Facebook

Un utilisateur de Facebook dans un café à Hanoi, le 19 novembre 2020.

L’avocat vietnamien Tran Dinh Trien a été condamné le 10 janvier à trois ans de prison pour des publications sur Facebook qui, “selon les autorités, ont porté atteinte au prestige de la plus haute juridiction du pays”, écrit Nikkei Asia.

Âgé de 65 ans, Tran Dinh Trien s’est fait un nom en défendant les victimes d’accaparement des terres. Son cabinet, Vi Dan, avait en outre notamment pris en charge la défense du célèbre dissident Cu Huy Ha Vu.

Selon les juges, il a utilisé l’application Facebook pour écrire des messages déplorant des décisions de la plus haute cour de justice. Ce faisant, il a abusé des “libertés démocratiques”, une formulation du très vague article 331 du Code pénal, généralement utilisé par le gouvernement vietnamien face à toute action qu’il considère comme une menace contre son pouvoir. Au moins 24 personnes ont été condamnées à des peines de prison en 2024 en vertu de cette disposition.

Dans les trois messages incriminés, Tran Dinh Trien contestait les décisions des cours de refuser l’accès du public à certains procès, ainsi que la restriction imposée aux journalistes et aux avocats sur l’enregistrement des débats.

Facebook allié du gouvernement dans la censure

Nikkei Asia relève le paradoxe entre ce verdict qui souligne le renforcement de la censure au Vietnam et les déclarations du fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, selon lesquelles la plateforme de médias sociaux cesserait de censurer les contenus.

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En quelque sorte, estime Nikkei Asia, Facebook applique le principe du “deux poids, deux mesures” tant “le géant de la tech ‘s’incline’ devant les gouvernements autoritaires au Vietnam et dans toute l’Asie du Sud-Est, qui lui demandent de bloquer des contenus”, déplore Nikkei Asia. Le Vietnam est un des plus grands marchés de l’application, avec plus de 75 millions d’usagers sur les 100 millions d’habitants.

Depuis le 25 décembre dernier, les plateformes des réseaux sociaux sont dans l’obligation de vérifier l’identité des souscripteurs grâce à leurs numéro de téléphone et carte d’identité. Ces données stockées peuvent être remises à tout moment aux autorités en cas de violation de la loi sur la cybersécurité. Un texte lui-même assez vague qui incrimine ceux qui “s’opposent à l’État, diffusent des informations qui provoquent la confusion publique [ou] violent la sécurité nationale”. Ce dispositif de contrôle et de collecte des données représente une atteinte supplémentaire à la liberté d’expression.

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