"Ma vie s'est effondrée": depuis un an, Lydie Despaux attend des "réponses" après la mort de son mari, agent Enedis
"Ça fait un an que je suis dans un tsunami". Lydie Despaux a perdu son mari, Frédéric, il y a un an le 4 novembre 2023 lorsque ce dernier, agent Enedis, avait été mobilisé pour rétablir le courant à Pont-Aven, dans le Finistère (Bretagne), après le passage de la tempête Ciarán.
Âgé de 46 ans, le salarié, venu du Gers, faisait partie de la Force d'intervention rapide de l'électricité (FIRE) d'Enedis. Alors que des centaines de milliers de foyers étaient privés d'électricité en Bretagne, "Fred n’a pas hésité" à s'y rendre, se rappelle Lydie Despaux auprès de Ouest France.
Selon le parquet de Quimper, il est mort "au cours d'une intervention sur un câble électrique". "En arrêt respiratoire", il n'avait pas pu être réanimé. Le maire de Pont-Aven, Christian Dautel, racontait quelques jours après le drame "les conditions complètement dantesques" dans lesquelles ces agents travaillaient, de nuit, avec des rafales de vent et de pluie, dans le froid et la boue". Ces agents avaient confié au maire n'avoir "jamais connu" des "conditions comme cela" "de leur vie".
"Il est rentré dans un sac mortuaire"
Si une enquête a été ouverte au moment de l'incident pour déterminer les circonstances du décès, Lydie Despaux déplore ne "toujours pas savoir" "ce qu'il s'est passé".
"Les investigations continuent. Je sais que la justice prend du temps et qu’elle manque de moyens, je l’entends. Mais au final, c’est long. Très long", souligne-t-elle à Ouest France.
"Moi, mes enfants, mes beaux-parents, on ne sait toujours pas ce qu’il s’est passé, pourquoi, comment et dans quelles circonstances mon mari est mort", regrette Lydie Despaux.
Avant d'ajouter: "On arrive au un an de sa disparition, et honnêtement, c’est pénible. Tout ce que je sais, c’est qu’il est parti le 1er novembre [2023] et qu’il est rentré dans un sac mortuaire".
Elle assure qu'elle a "besoin de réponse" pour "avancer". "Ça ne le fera pas revenir. Mais je ne peux pas faire le deuil alors que je ne sais pas ce qu’il s’est passé", explique-t-elle assurant que depuis sa "vie s'est effondrée" et qu'elle n'arrive "pas à reprendre pied".
"Et je ne pense pas que mes enfants y arrivent non plus. C’est ignoble: ça fait un an que je suis dans un tsunami", déclare la femme de "Fred" Despaux.
"Je n'arrive pas à avancer"
Elle raconte son quotidien, "seule". Sa tristesse quand elle prend son café et qu'il "n'est pas là", quand "le soir à 18h15, il ne passe plus la porte d’entrée après sa journée de travail…"
"C’est compliqué. J’ai essayé de reprendre le travail et je me suis gaufrée. Je n’arrive pas à avancer ou à m’occuper de mes enfants correctement", confie Lydie Despaux.
Frédéric Despaux avait reçu quelques jours après sa mort, à titre posthume, la médaille pour acte de courage et de dévouement. Son nom avait également été donné à une rue de la commune de Pont-Aven, lors d'une cérémonie en mai 2024, pour que "jamais on n’oublie son nom ni son courage", selon les paroles du maire.
La tempête Ciaran a causé trois morts en France: outre Frédéric Despaux, un chauffeur routier quinquagénaire a été tué par un arbre tombé sur son poids lourd dans l'Aisne, et au Havre, un septuagénaire a fait une chute mortelle après avoir été heurté par un volet de son habitation à la suite de vents violents.