Comment la vie s'est-elle adaptée quand la Méditerranée était dix fois plus salée ?
Il y a 5,97 millions d'années, la mer Méditerranée, après s'être fermée, a commencé à s'assécher, ce qui a provoqué une forte augmentation de sa salinité. Un évènement qui a été fatal à une grande partie des espèces qui la peuplaient.
Sous la mer Méditerranée, une couche de plus d'un kilomètre d'épaisseur de sel (le géant salifère méditerranéen) témoigne d'une crise écologique majeure qui s'est produite il y a entre 5,97 et 5,33 millions d'années. A l'époque, en raison de mouvements lithosphériques, le passage entre le sud de l'Espagne et le nord du Maroc s'est fermé et la Méditerranée s'est retrouvée déconnectée de l'océan Atlantique. Or, l'apport en eau des principaux fleuves (le Nil, le Rhône, l'Ebre ou le Pô) qui l'alimentent est insuffisant pour maintenir son niveau.
Suite à cette fermeture, la Méditerranée a donc commencé à s'assécher et à s'évaporer, ce qui a provoqué une importante hausse de sa salinité. "Celle-ci a varié tout au long de cet épisode, mais en moyenne il y avait une concentration en sel de 350 grammes par litre contre environ 35 g/l de nos jours", explique Konstantina Agiadi, de l'Université de Vienne (Autriche), qui a étudié l'évolution de la biodiversité marine durant cet évènement, nommé crise de salinité messinienne.
Evolution de la Méditerranée après sa fermeture. Crédit : CSIC - Daniel García-Castellanos.
Lire aussiComment la vie est-elle née sur Terre ?
Chute drastique de la biodiversité
La chercheuse, en collaboration avec une équipe internationale, a recueilli des données concernant les fossiles découverts dans le bassin méditerranéen, aussi bien sur la terre ferme que dans les carottages sous-marins effectués au large, pour la période comprise entre 12 à 3,6 millions d'années. Elle les a ensuite catalogués et comparés en supposant que l'évènement messinien avait dû provoquer de profonds changements dans les écosystèmes. Et ses résultats, publiés dans la revue Science, confirment son hypothèse.
Ils indiquent que seules 86 des 779 espèces endémiques (qui vivaient exclusivement dans la zone avant la crise) ont survécu à l’énorme changement des conditions de vie induit par la fermeture du passage vers l'océan. Soit à peine 11%.
Ce sont, bien sûr, l'augmentation de l[...]