USA-Cuba : retour sur un demi-siècle de défiance

Le 15 décembre 2013, Barack Obama salue Raul Castro à Soweto, en Afrique du Sud, lors de la cérémonie d’hommage à Nelson Mandela. La poignée de main est historique, elle annonce une nouvelle ère après un demi-siècle d’affrontements plus ou moins larvés. La révolution castriste En 1959, les révolutionnaires – emmenés par Fidel Castro – chassent Fulgencio Batista et s’emparent du pouvoir à Cuba. L‘île bascule dans le communisme. La défiance s’installe avec les Etats-Unis et s’accroît lorsque Castro amorce l’expropriation de compagnies américaines. Le fiasco de la baie des cochons Deux ans plus tard, Washington décide de renverser Castro. Survient alors, en 1961, le désastreux épisode de la baie des cochons. Ce 17 avril, 1500 exilés cubains débarquent sur l‘île. L’opération a été décidée par Eisenhower, validée par Kennedy et orchestrée par la CIA, qui est convaincue d’obtenir sur place le soutien de l’opposition cubaine. Mais Castro a eu vent de l’opération, le débarquement est un fiasco. Bilan : 118 morts, 1200 prisonniers. La crise des missiles Dès lors, l’animosité réciproque devient officielle. Cuba et les Etats-Unis sont ennemis. En février 1962, Kennedy impose un embargo, toujours en vigueur aujourd’hui. En octobre de la même année, la crise des missiles éclate. Elle conduira les deux pays au bord de la guerre nucléaire. Les Etats-Unis découvrent l’existence de missiles soviétiques à Cuba. L’URSS accepte de les retirer seulement si Washington promet de ne pas attaquer Cuba, le tout sous très haute tension. En pleine guerre froide, La Havane est plus proche que jamais de l’Union soviétique. Avec l’effondrement de l’URSS, Cuba perd son principal soutien, dans les années 1990. L‘île doit se reconstruire commercialement et diplomatiquement, mais la crise économique est profonde, le niveau de vie chute. Les candidats à l’exil de plus en plus nombreux A l’aube du XXIème siècle, les “balseros” sont de plus en plus nombreux à tenter la traversée du détroit de Floride vers les côtes américaines. L’affaire du petit Elian Gonzalez – emmené par sa mère sur les eaux périlleuses de l’aventure américaine et finalement ramené à Cuba pour rejoindre son père – devient l’emblème des tensions diplomatiques entre les deux pays. Quinze ans plus tard, le 17 décembre dernier, la Havane et Washington annoncent le rétablissement des relations diplomatiques entre leurs deux pays, après des mois de négociations secrètes. Les Cubains attendent désormais, si ce n’est la levée de l’embargo, du moins son assouplissement, pour voir refleurir l‘économie de l‘île.