Turquie : manifestation pour la liberté de la presse après la fermeture de deux chaînes de télévision

A quatre jours des élections anticipées en Turquie, c’est la liberté de la presse cette fois qui a fait sortir dans la rue plusieurs centaines de manifestants. Ce mercredi la police turque a pris le contrôle de deux stations de télévision. Bugün TV et Kanaltürk” ont dû cesser leurs émissions. La justice turque enquête sur le propriétaire de ces deux chaînes rassemblées au sein de la holding Koza-Ipek. L’imam Fethullah Gülen, le propriétaire, est considéré comme l’ennemi numéro 1 du président turc Recep Tayyip Erdogan. Interviewée dans la rue, cette manifestante n’a pas hésité à participer au rassemblement de protestation.«Je suis ici à cause de la censure sur la presse, explique-t-elle, et en raison de la situation qui règne ici au nom de la démocratie et en raison de cette cruauté contre la presse. Je ne veux pas être du côté de la cruauté”. L’assaut contre ces deux médias a suscité de timides réactions en Europe même si à Bruxelles l’une des porte-parole de la Commission européenne a déclaré que l’UE restait “préoccupée”. “Comme tout pays qui négocie son adhésion (à l’UE), la Turquie doit s’assurer qu’elle respecte les droits de l’homme, y compris la liberté d’expression, conformément à la Convention européenne des droits de l’homme”, a souligné Catherine Ray. “Nous allons continuer à soulever prochainement la question de la liberté d’expression avec les autorités turques”, a-t-elle insisté. L’Union européenne reste prudente. Elle compte beaucoup sur la Turquie dans la crise migratoire actuelle. C’est une attaque sérieuse contre le droit au public de s’informer “C’est une attaque sérieuse contre le droit au public de s’informer”, a dénoncé de son côté le coprésident du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) Selahattin Demirtas, qui s’est rendu sur place. “Cela fait longtemps que nous sommes confrontés à ce types de pratiques anticonstitutionnelles et illégales qui ne sont pas fondées sur le droit national ou international, explique M. Demirtas. Donc, ce raid ne nous a pas choqué ou surpris même s’il reste un acte inacceptable. “ Lors de l’intervention de la police ce matin les journalistes présents dans les locaux des deux chaînes de télé ont tenté de s’interposer. Ils ont été molestés et repoussés par les forces de l’ordre. Les deux chaînes ont été placées sous tutelle judiciaire. Elles sont accusées de propagande terroriste sur fond de règlement de compte politique.