Qalandiya, la première biennale d'art contemporain palestienienne.

Inspirés du pop-art, des portraits de Mohamed Bouazizi, le visage le plus connu des révolutions arabes, sont montrés au public à l’occasion de la première biennale d’art contemporain en Palestine. Le Tunisien qui s’est immolé en janvier 2011 est devenu une icone à Ramallah. Des échos et des portraits de la révolution, des ombres fantômatiques et un film rétro dominent cette biennale. L’artiste Shada Safadi explique son travail: “ce sont les esprits qui sont venus à nous depuis les ténèbres. Ce sont les âmes sacrifiées pour la liberté. Peut-être qu’elles sont ici, comme des fantômes, et que je peux les reveiller.” La biennale tire son nom de l’un des symboles forts du conflit : un checkpoint israelien à Qalandiya, l’un principaux point des passages entre la Cisjordanie et Israel. Installer les oeuvres dans les villages reculés et éparpillés en Cisjordanie fut un challenge.. Mais c’est un succès. Les gens affluent dans le village d’Abwein. Pour Lara Khaldi, organisatrice de la biennale, il était important de rassembler les énergies: “les centres et organisations culturels ont ressenti le besoin de collaborer: sept institutions qui travaillent ensemble sont plus audibles. Ce n’est pas seulement pour la scène internationale, c’est aussi pour regarder, impliquer, collaborer et faire participer une audience plus large, dans les villages, les villes…” Transformer les villages en galeries d’art, emprunter le nom d’un camp de réfugiés et d’un checkpoint israelien, Qalandiya est une chance pour les artistes palestiniens de Cisjordanie, de Jerusalem, d’Israel et de Gaza de se rassembler et de surmonter leurs différences politiques. L’artiste Nardeen Srouji est enthousiaste: “participer à cette biennale est un sentiment extraordinaire, parce qu’elle réunit les Palestiniens. C’est une chance pour les artistes d‘être ensemble, de travailler et d’exposer ensemble. C’est ca, l’unité” Si le conflit israelo-palestinien n’est plus sur le devant de la scène, il subsiste en arrière plan de cette biennale, avec ses questions sans réponses. Depuis plusieurs années, l’art est devenu plus populaire en Cisjordanie, comme le montrent des foules venues à Qalandiya.