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La banane, l’“or vert” de l’Angola

François Chignac, euronews: “Ce régime de bananes représente l’or vert de l’Angola. L’Angola deuxième producteur de pétrole en Afrique, mais qui a vu ses revenus pétroliers divisés par au moins trois au cours de ces deux dernières années. Alors, l’avenir du pays passe par la diversification de son économie, au premier rang de laquelle figure l’agriculture”. Gros exportateur de café, de canne à sucre, de sisal et de bananes dans les années 70, l’Angola a perdu de sa superbe en la matière durant la guerre civile. Elle a duré 27 ans, de 1975 à 2002. Aujourd’hui, pour diversifier son économie et assurer la sécurité alimentaire du peuple, l’Angola, ce grand pays qui fait deux fois la taille de la France, réinvestit dans ses quelque 58 millions d’hectares de terres irrigables. Et la banane a repris du poil de la bête, l’année dernière, l’Angola en a produit 253 000 tonnes et est devenu autosuffisant sur le marché. “Nous considérons maintenant que la banane est notre “or vert”. Non seulement en termes de valeur commerciale, mais aussi pour sa valeur nutritionnelle et les revenus importants qu’elle apporte aux familles. La banane, en fait, contribue de manière significative à la diversification de l‘économie et cet endroit en est un bon exemple. Ici, sur le périmètre irrigué de Caxito le volume annuel des ventes de bananes avoisine les 100 millions de dollars. Et le projet, aujourd’hui, est d’exporter des bananes vers l’Afrique subsaharienne. Nous en avons déjà exporté 10 tonnes en République démocratique du Congo pour le seul mois d’octobre”, explique João Mpilamosi, directeur de “Caxito Rega, S.A”. Le gouvernement soutient le secteur agricole en créant des instituts de formation, en développant des microcrédits et en finançant directement des projets d’irrigation. Mais les difficultés demeurent pour les petites exploitations familiales. Sur les 24 millions d’habitants que compte l’Angola, plus de deux millions sont des petits agriculteurs qui travaillent à l’ancienne par manque de machines agricoles modernes. “Je travaille ici dans le champs où la nourriture est produite et je vais la vendre au marché”, dit une femme. Le gouvernement et le milieu associatif aident à la collecte et la distribution. Les produits se retrouvent parfois sur les étals de supermarchés comme ici à Luanda, où la production locale est encouragée. Des prix abordables sont proposés à la classe moyenne émergente, même si la moitié des Angolais vit toujours avec moins de 2 dollars par jour. “Trente-cinq pour-cent des ventes sont le résultat de ce qui est produit ici en Angola. Certains agriculteurs ne produisent pas seulement pour le marché intérieur, mais aussi pour l’international. Il y a déjà des exportations claires sur le marché africain régional et des indicateurs, tous les six mois, indiquent aussi que l’Angola peut devenir un exportateur non seulement pour les marchés africains, mais aussi pour le monde entier”, explique João Pedro Santos, directeur général des supermarchés Kero. L’objectif est de développer une production nationale aux normes sanitaires internationales. D’autant que des PME africaines maitrisent les subtilités d’un marché parfois très informel. C’est le cas de Refriango qui fait figure de référence en Afrique. Cette société spécialisée dans la production et la distribution d’eau de jus ou de boissons gazeuses emploie 3 800 personnes et se positionne comme leader incontesté du marché dans le pays lusophone. “Nos niveaux de qualité ont aidé, car nous avons été la première entreprise de production alimentaire à recevoir ces certificats. Nous avons obtenu le certificat ISO 22000. Nos laboratoires ont travaillé très dur et à partir de là, leur homologation a permis l’obtention des certificats internationaux”, dit Estevão Daniel, PDG de Refriango. En août 2015, 11 millions d‘œufs importés ont été détruits dans le port de Luanda. Ils ne répondaient pas aux nouvelles normes sanitaires plus contraignantes. Des nouveaux quotas sur l’importation de 27 produits différents, dont les œufs, sont également en vigueur depuis février 2015. Ils stimulent la consommation nationale même s’ils ont parfois conduit à une augmentation des prix. “Nous ne sommes pas seulement des producteurs, mais surtout des consommateurs. La santé publique est très importante pour nous. En tant que consommateurs et en tant que producteurs, nous avons la responsabilité d’informer les consommateurs sur le fait que les marchandises produites en Angola sont de haute qualité, qu’elles sont valables et fiables”, explique Elizabete Dias Dos Santos, administratrice chez Diside Management. Crédible oui, si les efforts de reconstruction des infrastructures du pays fournis depuis une décennie ne masquent pas les problèmes d’approvisionnement, de logistique et de transport qui sont encore considérables et qui freinent le développement d’industries locales. L’Angola pourra-t-il faire l‘économie d’une transformation durable de ses revenus basés sur la rente pétrolière en une économie entreprenariale compétitive ? C’est l’inconnue de cette prochaine décennie. Car le concept de diversification ne pourra assurer à lui seul un réel équilibre.