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Victor Ponta remporte le premier tour de la présidentielle roumaine

Le Premier ministre roumain Victor Ponta, issu du Parti social- démocrate, est arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle organisé dimanche, loin devant le chrétien-libéral Klaus Iohannis, issu de la minorité allemande. /Photo prise le 2 novembre 2014/REUTERS/Bogdan Cristel

par Radu-Sorin Marinas et Luiza Ilie BUCAREST (Reuters) - Le Premier ministre roumain Victor Ponta, issu du Parti social- démocrate, est arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle organisé dimanche. Après dépouillement de 98,3% des suffrages, le chef du gouvernement, ancien procureur et pilote de rallye amateur âgé de 42 ans, était crédité lundi de 40,3%, loin devant le chrétien-libéral Klaus Iohannis, issu de la minorité allemande et maire de la ville de Sibiu, en Transylvanie, qui a recueilli 30,4% des voix. Victor Ponta fait figure de grand favori pour le second tour qui aura lieu le 16 novembre. "Je me sens extrêmement fier et je remercie les Roumains qui ont fait confiance à mon projet après dix ans de mensonges et de divisions", a-t-il déclaré dimanche soir devant les caméras de télévision, évoquant sans le nommer le président sortant Traian Basescu, aux affaires depuis dix ans et atteint par la limite des mandats, avec lequel il a vécu une cohabitation houleuse. La tentative de Victor Ponta de destituer Traian Basescu en 2012 lors d'un référendum lui a valu de vives critiques dans l'UE et avait eu pour effet de faire baisser le leu, la monnaie nationale. Une victoire de Victor Ponta dans deux semaines pourrait assurer une stabilité accrue à la Roumanie et à ses 20 millions d'habitants, éprouvés ces dernières années par la récession et des coupes dans les dépenses publiques sous la houlette du Fonds monétaire international (FMI). Le Premier ministre a bâti sa popularité notamment en assouplissant certaines des mesures d'austérité imposées durant la récession de 2009-2010. Il a ainsi annulé une partie des baisses des pensions de retraite et des salaires de la fonction publique décidées par le gouvernement précédent. PONTA ACCUSÉ DE VOULOIR "TOUT CONTRÔLER" Il a également réduit la TVA sur certains produits, dont le pain, abaissé les cotisations salariales et promis de revaloriser une nouvelle fois les retraites l'an prochain. Durant la campagne, Basescu a accusé Ponta d'avoir été espion dans les années 1990. Le beau-père de l'actuel Premier ministre et plusieurs cadres du Parti social-démocrate, issu du Parti communiste, ont été visés pour leur part par des accusations de corruption et de confiscation de terres. Certains observateurs redoutent qu'avec l'effacement de Basescu, une forme d'équilibre des pouvoirs disparaisse et que Ponta se retrouve seul aux commandes d'un pays qui tarde à mettre en oeuvre les réformes en matière de lutte contre l'évasion fiscale, le travail au noir ou les discriminations à l'encontre des minorités hongroise et Roms. "Victor Ponta veut tout contrôler, dont les médias, c'est ma crainte principale", explique l'analyste politique Mircea Marian. "Je pense qu'il s'attaquera également au parquet anti-corruption", ajoute-t-il, le comparant au chef du gouvernement hongrois Viktor Orban, accusé par l'Union européenne et les Etats-Unis d'entraver la démocratie et la liberté d'expression. Constitutionnellement, les fonctions du président sont essentiellement honorifiques mais le chef de l'Etat exerce une réelle influence politique: c'est lui qui nomme le Premier ministre, les juges et les procureurs et il peut s'opposer aux projets de loi du gouvernement. "Alors que l'élection de Victor Ponta à la présidence diminuerait les tensions qui existent actuellement entre les deux branches de l'exécutif, elle renforcerait également le mainmise des sociaux-démocrates sur le pouvoir et poserait des questions concernant la poursuite de la réforme du système judiciaire", estime Paul Ivan, analyste politique du Centre politique européen (EPC) basé à Bruxelles. (Agathe Machecourt, Henri-Pierre André, Marc Angrand et Jean-Philippe Lefief pour le service français)