"La victoire est vraiment possible": l'optimisme du groupe Liot sur l'abrogation du report de l'âge légal

Ludovic MARIN / AFP

Un élan d'optimisme couplé d'un coup de pression envers l'exécutif. Invité de Sud Radio, le député Bertrand Pancher défend la proposition de loi du groupe Liot - dont il est le président - consistant à abroger le report de l'âge légal de départ à la retraite et à organiser une conférence sociale.

"La victoire est vraiment possible", veut croire l'élu de la Meuse, avant la présentation de ce texte le 8 juin.

Si les votes de la gauche et de l'extrême droite sont déjà acquis, le reste de l'équation se jouera sur les bancs de la droite. Bertrand Pancher a fait ses calculs concernant le groupe Les Républicains (LR), composé de 62 députés.

"On en recense à peu près 25, d'après mes dires, qui sont complètement hostiles à la loi", confie-t-il, soulignant également que des parlementaires de la majorité pourraient "s'abstenir".

Un vote différent de celui de la motion de censure

Un détail qui a toute son importance puisque seule une majorité simple est requise pour l'adoption d'une proposition de loi. Dès lors, l'abstention peut faire basculer le sort du texte en abaissant le seuil de suffrages nécessaires.

Ce n'était pas le cas pour la motion de censure présentée par le groupe Liot le 20 mars dernier, après l'utilisation du 49.3 sur la réforme des retraites par Élisabeth Borne. Il s'agissait de se prononcer "pour ou contre le renversement du gouvernement", rappelle Bertrand Pancher. L'abstention valait donc soutien à l'exécutif, mais "le boulet a failli passer très près de l'oreille", souligne l'élu. Le sort de la Première ministre s'était en effet joué à 9 voix près.

Si le groupe Liot peut raisonnablement se montrer optimiste au regard du nombre de députés qui pourraient soutenir son texte, il n'a pas l'assurance que celui-ci ira jusqu'au vote. Le temps sera compté. À minuit, la niche parlementaire des députés Liot prendra fin et ces derniers n'auront plus la main sur l'ordre du jour. Dès lors, les troupes présidentielles pourraient être tentées de jouer l'obstruction afin d'empêcher l'adoption de la proposition de loi.

"On ne va pas fonctionner comme ça pendant quatre ans"

Un scénario anticipé par Bertrand Pancher. Lequel a écrit au président de la République pour lui mettre la pression, prévenant que "le recours à des manœuvres dilatoires, d’obstruction, ou d’exception alimenterait le feu de la colère et aggraverait la crise démocratique".

Le député voit en son texte une voie d'apaisement face au "chaos" actuel dans le pays, caractérisé, selon lui, par un Emmanuel Macron qui "ne sort pas sans que les forces de l’ordre soient autour pour essayer de calmer tout le monde."

"On ne va pas fonctionner comme ça pendant quatre ans", exhorte-t-il.

Pour autant, une éventuelle adoption à l'Assemblée nationale ne signerait pas la fin du parcours législatif. Les sénateurs auraient également à se prononcer. Or, la majorité de droite du Palais du Luxembourg soutient ouvertement la copie de l'exécutif. Difficile dans ce cas d'envisager un vote favorable.

"Séisme politique"

Là aussi, Bertrand Pancher fait passer des messages, distinguant les députés définis comme "représentants du peuple", des sénateurs qu'il qualifie de "représentants des maires", en raison de leur élection par les grands électeurs et non les citoyens. Dès lors, le seul vote de la Chambre basse suffirait à déclencher un "séisme politique", d'après lui.

"Le Parlement se prononcerait majoritairement sur un nouveau dispositif et le président Macron n'en tiendrait pas compte?", interroge-t-il comme pour pointer les dangers de cette éventualité. "Mais dans quel pays on est? Ce n'est pas une dictature, mais une démocratie".

Article original publié sur BFMTV.com