Victoire à la présidence, au Sénat... Trump va-t-il avoir les "coudées franches" pour gouverner?

"Trump riposte en force". C'est ainsi que le New York Times a titré la une de son site ce mercredi 6 novembre, marqué par la victoire sans appel de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine, mais aussi par le retour du Sénat dans le camp des républicains.

Le parti républicain a remporté une majorité des 100 sièges (deux par État) qui composent le Sénat. 34 d'entre eux étaient soumis au vote lors de ce scrutin du 5 novembre. Les démocrates avaient la tâche ardue de devoir en défendre les deux tiers, un vrai défi étant donné leur courte majorité de 51 sièges contre 49. Les républicains disposent désormais d'au moins 52 sièges, tous les bulletins n'ayant pas encore été dépouillés.

Les juges fédéraux validés par le Sénat

Or, la validation du Sénat est nécessaire pour de nombreux choix du président américain. Son site explique que selon la Constitution américaine, le président nomme, "avec le consentement" du Sénat, "les ambassadeurs, les autres ministres publics et les consuls, les juges de la Cour suprême et tous les autres fonctionnaires des États-Unis dont la nomination n'est pas prévue par ailleurs".

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Le Sénat doit aussi valider les nominations, par le président, des "juges fédéraux du pouvoir judiciaire et certains fonctionnaires des ministères, des agences indépendantes, des services militaires, du Service extérieur" ou encore les procureurs fédéraux.

De nouvelles élections sénatoriales sont prévues en 2026. "On peut donc s'attendre à deux ans de nomination effrénée de juges fédéraux" par Donald Trump, anticipe Olivier Richomme, professeur de civilisation américaine à l’université Lumière Lyon-2. Car ces juges sont notamment chargés de trancher en cas de litiges entre deux États américains: "ils jouent le rôle d'arbitre", décrit Olivier Richomme auprès de BFMTV.com. Avec la nomination de juges par Donald Trump, "sur l'immigration, la lutte contre le réchauffement climatique, les décisions vont aller dans le sens des conservateurs", explique le spécialiste.

"Ces juges sont nommés à vie, donc l'héritage politique de Trump et de ces nominations va durer plusieurs décennies", avertit-il.

Les résultats de la Chambre des représentants en attente

La Chambre des représentants, qui est l'autre organe du Congrès, attend toujours les résultats de ses élections. Cela pourrait prendre plusieurs jours, selon l'agence de presse AP. Jusqu'alors à majorité républicaine, elle forme l'un des deux organes du pouvoir législatif américain. Si elle est remportée par les démocrates, elle pourrait représenter un contre-pouvoir face à Donald Trump.

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La Chambre des représentants a le pouvoir d'initier des projets de loi sur le budget et des procédures d'impeachment, pour destituer le président par exemple. Et avec le Sénat, elle permet de faire adopter des lois - ou de les retoquer. Lors du précédent mandat de Donald Trump, le Congrès l'a par exemple empêché de mettre fin au programme d'assurance-santé élargi créé par son prédécesseur démocrate Barack Obama, ou de tailler dans le budget du ministère des Affaires étrangères.

Un "léger" contre-pouvoir

Mais même si les démocrates regagnent le contrôle de la Chambre des représentants, celle-ci ne sera qu'un "léger" contre-pouvoir, estime Olivier Richomme. "Le pouvoir exécutif fédéral s'est renforcé aux Etats-Unis, donc simplement être président permet à Donald Trump de faire beaucoup", en gouvernant par décret notamment, explique le professeur des universités. La hausse des tarifs douaniers qu'il a promis lors de sa campagne pourrait par exemple passer par décret.

Et si la Chambre des représentants reste à majorité républicaine, Donald Trump aura "les coudées franches" pour appliquer son programme, d'autant qu'"il n'y a plus d'opposition au sein du Parti républicain", affirme Olivier Richomme.

Lors de la campagne, il a notamment assuré que s'il était élu, il augmenterait les droits de douane entre 10 et 20% pour l'ensemble des produits entrant aux États-Unis, et jusque 60% pour ceux venant de Chine, voire même 200% pour certains types de biens. Le républicain, qui avait fait campagne en 2016 en promettant de construire un mur le long de la frontière mexicaine, est allé beaucoup plus loin cette fois-ci promettant la plus grosse opération d'expulsion de migrants clandestins de l'histoire des États-Unis, envers lesquels il emploie régulièrement une rhétorique raciste. Ouvertement climatosceptique, il a aussi promis de "forer" des puits de pétrole "à tout va".

Article original publié sur BFMTV.com