"Un discours haïssable": la colère des victimes du 13-Novembre après les propos de Salah Abdeslam

Croquis de la salle d'audience au Palais de Justice de Paris lors du premier jour du procès des attentats du 13-novembre, le 8 septembre 2021 - Benoit PEYRUCQ © 2019 AFP
Croquis de la salle d'audience au Palais de Justice de Paris lors du premier jour du procès des attentats du 13-novembre, le 8 septembre 2021 - Benoit PEYRUCQ © 2019 AFP

"C'est un discours haïssable qui a le mérite de la limpidité." Georges Salines, le père de Lola tuée par les balles des terroristes du Bataclan, est sorti avec un double sentiment au terme de cette journée au procès du 13-Novembre au cours de laquelle les 14 accusés ont été invités à prendre la parole pour donner leur "positionnement" par rapport aux faits qui leur sont repprochés.

À cet exercice, c'est à nouveau Salah Abdeslam qui s'est illustré en assumant sa participation aux attentats et en les justifiant comme une réponse à l'intervention de la France en Syrie pour lutter contre l'Etat islamique. "On a visé la France, la population, les civils mais on n'a rien de personnel contre ces gens-là, on a visé la France et rien d'autre". Des mots, prononcés dans le silence total de la cour d'assises, qui ont choqué les victimes présentes qui se sont serrées, tremblantes, dans les bras sur le banc.

"Il m'a foutu les nerfs", souffle Sophie, rescapée du Bataclan, à la sortie de la salle d'audience. "Nous dire qu'il ne voulait pas nous blesser... Si! C'est nous qui avons été attaqués. Jusqu'au bout, il va essayer de nous faire du mal."

"C'est absolument abominable"

"Je ne m'attendais pas au bout d'une semaine de procès à ce qu'il décomplexe son propos", abonde David, une autre victime des attentats du 13-Novembre, les yeux rougis. "C'est d'une facilité et d'une violence. C'est d'une indignité absolue. C'est un manque de respect envers le vécu de toutes les victimes." "Chaque élément hérisse profondément" Georges Salines. Tous, toutefois, ne s'attendait pas à ce que Salah Abdeslam prenne la parole, "de manière construite" après une semaine de provocations.

"Au moins, il assume", poursuit Sophie qui a pleuré en entendant les paroles de l'accusé.

Salah Abdeslam, invité à parler en dernier ce mercredi, a ajouté qu'en parlant de "terroristes, jihadistes, radicalisés", la justice créait de la "confusion. Selon lui, "il s'agit juste d'islam pur, et tous ces gens sont des musulmans", a déclaré le seul membre encore en vie des commandos du 13-Novembre. "Non les musulmans ne sont pas des terroristes, c'est toi le terroriste", rétorque la jeune femme, qui venait pour la première fois au procès.

"C'est absolument abominable pour l'immense majorité des musulmans de les désigner", estime Georges Salines.

"Je doute de leur sincérité"

À l'inverse de Salah Abdeslam, les autres accusés se sont désolidarisés des actions terroristes mercredi, les condamnant "fermement" comme Yacine Attar, Mohamed Amri, mais ont surtout tenté de minimiser leurs actions quand ils reconnaissent leur participation aux attaques. "Je doute de leur sincérité", confie encore le père de Lola.

"Qu'ils s'excusent, on peut l'entendre, mais faire pleurer dans les chaumières, c'est pas possible", dénonce également Sophie. "Ils parlent de leur famille, et nous? Tous, on avait des familles."

Les victimes, en quête de réponses, saluent toutefois l'initiative de la cour d'avoir donné la parole aux accusés. "C'était opportun et fait de manière intelligente de leur donner la parole à ce moment-là du procès", conclut Georges Salines.

Article original publié sur BFMTV.com