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Les "viandards" sont-ils plus machos que les autres? Un sondage interroge les amateurs de viande

Les "viandards" sont-ils plus machos que les autres? Un sondage interroge les amateurs de viande
Photo d'illustration d'un barbecue - Pexels - CC0
Photo d'illustration d'un barbecue - Pexels - CC0

Fin août, la députée écologiste Sandrine Rousseau avait déclenché la polémique en estimant qu'il fallait "changer de mentalité pour que manger une entrecôte cuite sur un barbecue ne soit plus un symbole de virilité". Quelques semaines plus tard, l'Ifop souffle sur les braises: l'institut publie ce jeudi une enquête sur les rapports au genre et à la politique des amateurs de viande réalisée pour Darwin nutrition et publiée ce jeudi, selon laquelle les plus gros consommateurs approuvent davantage les idées de droite et les stéréotypes sexistes.

Si plus d'un homme sur deux (56%) s'auto-qualifie de "viandard", l'étude note ainsi une plus grande adhésion à des idées conservatrices chez les amateurs de certains produits carnés - type viande de bœuf ou de gibier. Parmi les plus carnivores, plus de 7 sur 10 affirment partager des opinions politiques de centre-droite ou de droite, voire très à droite pour 33% d'entre eux.

"C'est le symptôme de la politisation croissante des enjeux liés à l'alimentation", analyse pour BFMTV.com François Kraus, directeur du pôle politique/actualité au département opinion de l'Ifop.

"On l'a vu avec la controverse sur l'introduction de menus végétariens à la cantine, la polémique sur la 'bonne viande' de Fabien Roussel ou les propos de Sandrine Rousseau sur l'image virile du barbecue", poursuit le co-auteur de cette étude.

Des stéréotypes sexistes plus présents

Autre enseignement du sondage: les plus gros consommateurs de viande rouge - ceux qui assurent en manger quotidiennement - sont aussi ceux qui sont le plus d'accord avec certains stéréotypes sexistes, notamment sur une vision traditionnelle de la famille et une perception misogyne des rapports de genre au sein du couple.

Par exemple, ils sont nettement plus nombreux que les autres à considérer qu'une femme mariée doit prendre le nom de son époux, à défendre la "liberté d'importuner" une femme pour la séduire, à trouver normal que dans un couple hétérosexuel, la femme effectue plus d'activités ménagères que l'homme ou encore qu'il serait gênant que leur épouse prenne toujours le volant de la voiture familiale.

"Tous les viandards ne sont pas des machos mais une minorité a un rapport au genre et à la société très conservatrice, pour ne pas dire réactionnaire", pointe encore François Kraus. "L'enquête montre que certains types d'hommes cumulent une surconsommation de produits carnés avec une adhésion à des idées de droite en parallèle à des stéréotypes sexistes."

"C'est aussi une volonté d'exprimer une certaine virilité qui rejette un discours de prévention sanitaire perçu comme politiquement correct", analyse le sondeur. "Symboliquement, la viande reste très chargée."

Une "minorité" de machos

Quant à la question de la gestion du barbecue, qui a suscité la controverse après les propos de Sandrine Rousseau, près de huit hommes sur dix assurent s'en occuper plus souvent que leur conjointe. D'ailleurs, près de la moitié des hommes interrogés partagent l'idée selon laquelle ils s'en occupent mieux que les femmes.

Cependant, 62% des hommes qui ont participé à cette enquête approuvent l'idée de déviriliser la consommation de viande cuite au barbecue. Dans le détail, ce sont en majorité des hommes qui se disent de gauche. D'ailleurs, l'Ifop ne classe que 15% des hommes dans la catégorie "machos viandards".

"On voit bien qu'il y a un hiatus entre la surréaction des réseaux sociaux après les propos de Sandrine Rousseau et la réalité d'une opinion masculine plus nuancée", observe François Kraus, de l'Ifop.

"Les viandards machos ne sont qu'une minorité, avec des profils socio-professionnels plus populaires, moins diplômés, plus modestes et attachés à une certaine identité nationale. Une minorité qui ne pèse pas tant que ça au sein de la population masculine."

L'enquête a été menée auprès d'un échantillon de 2033 hommes, représentatif de la population masculine française âgée de 18 ans et plus. La représentatitivité de l'échantillon a été assurée par la méthode des quotas au regard de critères sociodémographiques (âge de l'individu, statut marital), de critères socioprofessionnels (catégorie socioprofessionnelle de l'individu) et de critères géographiques (région, taille de l'unité urbaine et type de commune de résidence). Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 5 au 7 septembre 2022.

Article original publié sur BFMTV.com