Vesoul: une femme condamnée à 30 ans de prison pour le meurtre d'un homme dont elle avait caché le cadavre dans un placard
La jeune femme de 20 ans a été condamnée à 30 ans de réclusion criminelle pour homicide volontaire, vol et escroquerie. Elle a été reconnue coupable d'avoir poignardé et étranglé un jeune homme de 23 ans rencontré en boîte de nuit.
Un meurtre avant de dissimuler le corps. Camille Anguenot, 20 ans, a été condamnée vendredi 13 septembre à 30 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Haute-Saône pour le meurtre de Théo Decouchant en 2021.
L'accusée, toute vêtue de blanc, s'est effondrée, en larmes, à l'annonce de sa condamnation à 30 ans d'emprisonnement pour "homicide volontaire, vol et escroquerie" par la cour d'assises de Haute-Saône qui n'a pas retenu l'altération de son discernement au moment des faits.
"La version de Camille Anguenot n'est que la version de Camille Anguenot et elle est invérifiable. C'est celle d'une personne qui avait besoin d'argent et d'une voiture, et qui pensait que Théo Decouchant ferait un bon 'pigeon'", a estimé l'avocat général Arnaud Grécourt, avant de requérir une peine de 25 ans d'emprisonnement.
"Théo Découchant est serviable, il est gentil, mais il ne veut pas qu'on le dupe. A-t-il refusé? Se sont-ils disputés? Bien qu'elle se défende d'avoir tué Théo Decouchant pour avoir son argent et sa voiture, force est de constater qu'elle va les utiliser dès le lendemain", a-t-il ajouté.
Un mobile incertain
L'avocate de l'accusée, Catherine Bresson, conteste au contraire fermement ce mobile crapuleux. D'après un expert psychiatre, sa cliente, qui n'avait que 18 ans à l'époque, "a agi de manière radicale face à une blessure narcissique", rappelle-t-elle.
"On ne peut pas réduire Camille Anguenot à cette femme séductrice, manipulatrice et perverse. Il faut aller au-delà des apparences", a plaidé Me Catherine Bresson.
Cette dernière a notamment évoqué l'enfance difficile de l'accusée, "une jeune fille qui a vu son père frapper sa mère et tenter de l'étrangler".
Coups de poing, de couteau et étranglement
Camille Anguenot a rencontré Théo Decouchant en discothèque en novembre 2021. Le 29 novembre, elle invite ce garçon timide et introverti de 23 ans à passer la soirée chez elle à Oiselay-et-Grachaux, petite commune de Haute-Saône, entre Vesoul et Besançon.
Selon l'accusée, ils se sont endormis dans le même lit, mais elle aurait été réveillée dans la nuit par les caresses du jeune homme qu'elle aurait repoussé et qui se serait montré insistant.
Elle lui porte alors plusieurs coups de poing au visage, avant de saisir un couteau de cuisine et de le poignarder au ventre. Elle part ensuite chercher une cordelette dans sa chambre avant de revenir vers Théo, allongé au sol, et de le tuer en l'étranglant.
"Ces caresses ne correspondent pas à la personnalité de Théo Decouchant", que "personne de son entourage n'imagine agresseur sexuel", selon l'avocat général. Camille Anguenot "n'a pas été agressée ce soir-là et la simple insistance verbale ne justifie pas ce passage à l'acte", a-t-il ajouté.
Son corps emballé dans des sacs poubelle
Les jours suivants, la jeune femme utilise la voiture et la carte bancaire de la victime pour mener sa vie comme si de rien n'était. Alors même qu'elle n'a pas le permis de conduire, elle rejoint notamment un nouvel amant à Bordeaux, puis un ancien à Dijon.
Elle affirme qu'elle voulait fuir, mais un accident de voiture met un terme à son escapade et elle rentre finalement chez elle.
Une semaine après le meurtre, alertée par la mère du jeune homme, la police se présente à son domicile et découvre le corps de Théo Decouchant emballé dans des sacs poubelle, fermés par du gros scotch brun, caché dans un placard à balais du séjour.
"Même un animal mérite meilleure sépulture"
"Un placard à balais: même un animal mérite meilleure sépulture. C'est ça un homme, pour Camille Anguenot: une momie dans des sacs poubelles", a quant à lui dénoncé l'avocat de la famille de la victime, Christophe Bernard, brandissant les photos du corps empaqueté de Théo devant les jurés.
Théo Decouchant était "un jeune homme de son temps", inséré professionnellement, poli et bien éduqué, "il est à l'image des siens, respectueux et sympathique", souligne Me Christophe Bernard.
Mais la vie de ce garçon "en quête de sentiments, de relations", note le conseil, est partie en "six minutes, les six minutes que Camille Anguenot a mis pour lui ôter l'air, l'asphyxier et le tuer".