Versailles: manifestation féministe contre le "viol" d'une jeune fille par des pompiers
Une soixantaine de militantes féministes ont manifesté ce jeudi à Versailles aux cris de "Le viol est un crime!" pour soutenir la mère d'une adolescente venue demander à la justice que les pompiers accusés d'"atteintes sexuelles" sur sa fille soient jugés pour "viol".
"Justice pour Julie!", "Julie, on est avec toi!", ont également scandé les militantes des Femen et du collectif Osez le féminisme notamment, couvertes de couronnes de fleurs et alignées devant la cour d'appel de Versailles, qui examinait dans la matinée les requêtes de la mère de la victime.
Dans cette affaire dont les faits remontent à 2009, trois pompiers avaient été initialement mis en examen pour viol sur mineure, une infraction passible des assises.
Mais en juillet 2019, à l'issue d'une longue instruction, le juge a finalement requalifié les faits en atteintes sexuelles et ordonné un renvoi en correctionnelle, provoquant la fureur de la famille et de ses soutiens, qui réclament également la mise en examen de tous les pompiers impliqués dans cette affaire, une vingtaine au total.
"Nous réclamons la fin de ce système patriarcal où les violeurs sont encore trop souvent impunis, relaxés, protégés", a déclaré à l'AFP Sophia Antoine, une des militantes Femen qui manifestaient devant la cour d'appel. "Cette affaire a mis dix ans à sortir. La victime est une adolescente handicapée", a-t-elle souligné. "Comment peut-on parler de consentement, et pas de viol, à cet âge-là?"
L'adolescente suivait un traitement médicamenteux lourd
À l'époque des faits, l'adolescente avait 14 ans et suivait un traitement médicamenteux lourd à cause de fréquentes crises de spasmophilie et de tétanie, un état de santé qui nécessite de nombreuses interventions des pompiers, plus de 130 entre 2008 et 2010.
Elle en contacte certains grâce aux réseaux sociaux et aura des relations avec environ vingt pompiers tous âgés d'une vingtaine d'années, pour la plupart en poste à la caserne de Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine).
Elle entretiendra une relation suivie avec l'un d'entre eux pendant près d'un an et dénoncera des rapports non consentis, notamment un après-midi chez ce pompier qui se trouvait avec deux collègues. Ce sont ces trois hommes qui ont finalement été renvoyés en correctionnelle.
À l'automne 2018, le parquet avait requis l'abandon des poursuites pour viol, estimant le "défaut de consentement" de l'adolescente "insuffisamment caractérisé".