Vers une possible sortie de crise à Notre-Dame-des-Landes

Des occupants de la "zone à défendre" de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) ont déposé vendredi 40 dossiers nominatifs de projets agricoles, ouvrant la voie à une possible sortie de crise sur le site où devait être construit un nouvel aéroport. /Photo prise le 15 avril 2018/REUTERS/Pascal Rossignol

NANTES (Reuters) - Des occupants de la "zone à défendre" de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) ont déposé vendredi 40 dossiers nominatifs de projets agricoles, ouvrant la voie à une possible sortie de crise sur le site où devait être construit un nouvel aéroport.

"Nous décidons aujourd'hui de répondre aux injonctions du gouvernement. Nous voulons stopper l'escalade de la tension sur la zone et obtenir enfin le temps nécessaire au dialogue et à la construction du projet que nous défendons", peut-on lire dans un communiqué des "zadistes".

"Malgré le refus du gouvernement d'étudier notre proposition d’une convention collective, nous avons souhaité aujourd’hui faire un geste très concret de dialogue pour sortir de ce cycle infernal", peut-on encore y lire.

Une nouvelle réunion est prévue lundi après-midi, alors que la date-butoir pour déposer de tels dossiers individuels a été fixée par le gouvernement à lundi soir à minuit, les occupants illégaux devant ensuite être évacués par la force.

"Ils ont répondu en partie à la demande et il y a maintenant un travail considérable à faire pour les services de l'Etat", a réagi la préfète de Loire-Atlantique, Nicole Klein, lors d'une conférence de presse au cours de laquelle elle a reconnu une possible "ouverture" en vue d'une sortie de crise.

Parmi ces projets, vingt-huit sont des projets "agricoles" à proprement parler, les autres sont des projets "culturels", "artisanaux" ou "para-agricoles".

"On a présenté tout ça en démontrant que tout est lié: enlever un élément de ce collectif, ça perturbe tout ce qu'il s'y passe", a déclaré Cyril Bouligand, membre du COPAIN 44, le collectif d'agriculteurs opposés à l'ex-projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

"On a fait un pas en avant en direction de l’Etat, donc maintenant c'est à eux de faire un pas en notre direction."

Les "zadistes" n'ont toutefois eu "aucune garantie" d'échapper aux expulsions une fois la date-butoir passée, ont convenu les membres de la délégation.

"Il y a sept projets qui nous paraissent sans problème, dix-huit qui nous paraissent pas loin de l'aboutissement et les autres qui nous paraissent poser problème", a commenté Nicole Klein.

La préfète de la Loire-Atlantique estime par ailleurs que "l'épreuve de force" engagée le 9 avril avec les premières expulsions a joué en faveur du gouvernement. "L’Etat a montré sa fermeté, et la plus grande partie des zadistes ont compris qu'ils avaient aussi des devoirs", a-t-elle déclaré.

Après les opérations d'expulsion de la semaine dernière, qui se sont soldées par la destruction de 29 des 97 "lieux de vie" de la ZAD, les services de l'Etat ont procédé au déblaiement afin que les parcelles puissent être rendues à leur vocation agricole.

(Guillaume Frouin, édité par Yves Clarisse et Caroline Pailliez)