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Vers le renforcement des contrôles aux frontières de Schengen

par Francesco Guarascio BRUXELLES (Reuters) - Les ministres de l'Intérieur de l'Union européenne vont s'entendre pour renforcer les contrôles d'identité aux frontières extérieures de l'espace Schengen, selon un projet de conclusions dont Reuters a pu prendre connaissance. Ils vont s'entendre, lors de leur réunion vendredi, pour "procéder immédiatement aux nécessaires contrôles systématiques et coordonnés aux frontières extérieures, y compris pour les individus bénéficiant du droit à la libre circulation", peut-on lire dans ce projet d'accord qui répond aux demandes de la France, cible d'une série d'attaques qui ont fait 129 morts vendredi dernier à Paris et Saint-Denis. L'espace Schengen regroupe 26 pays, dont la majeure partie des Etats membres de l'Union, à l'exception du Royaume-Uni, de l'Irlande, de la Croatie, la Roumanie, la Bulgarie et Chypre. A l'heure actuelle, les douaniers se contentent souvent d'un simple contrôle visuel des passeports des ressortissants européens lorsque ceux-ci entrent ou sortent de l'espace Schengen. La nouvelle disposition devrait impliquer le recoupement de ces documents avec les bases de données de la justice ou des services de sécurité. Ce renforcement des contrôles aux frontières extérieures de Schengen devra être mis en oeuvre d'ici mars 2016 et impliquer "une connexion électronique aux bases de données pertinentes d'Interpol à tous les points de passage frontaliers extérieurs, ainsi qu'un contrôle automatique des documents de voyage". Les ministres de l'Intérieur vont également convenir d'un contrôle renforcé des frontières externes les plus exposées "grâce au déploiement d'équipes d'intervention rapide aux frontières ("Rabit") et de policiers". BASE DE DONNÉES SUR LES PASSAGERS Le projet d'accord, qui s'étend sur six pages, préconise en outre des mesures visant le financement du terrorisme, un meilleur partage des renseignements et des contrôles plus stricts en matière d'armes à feu. Les ministres vont également demander la mise en place dans les plus brefs délais d'une base de données des dossiers passagers sur les vols intra-européens et vers des pays tiers -- une législation bloquée depuis longtemps au Parlement européen au motif qu'elle risque de porter atteinte à la vie privée. Les ministres européens de la Justice, qui assisteront à la réunion de vendredi, prévoient de s'entendre pour accélérer la mise en oeuvre de mesures communes contre les djihadistes européens de retour des théâtres de guerre en Syrie et en Irak. Le gouvernement néerlandais a parallèlement débattu en interne et avec certains autres pays européens d'un projet de "mini-Schengen" qui passerait par la mise en oeuvre de contrôles d'identité aux frontières de plusieurs pays d'Europe occidentale dans le but de mieux contrôler les flux de réfugiés et de migrants. La Suède a de son côté fait part de son souhait d'instaurer des contrôles de passeports biométriques aux frontières de la zone Schengen. L'annonce, faite par l'intermédiaire du porte-parole du gouvernement suédois, Stefan Lofven, survient au lendemain du relèvement du niveau de sécurité en Suède où l'on recherche activement un homme soupçonné de vouloir commettre des attaques. Selon la presse suédoise, le fugitif appartiendrait à l'Etat islamique. Stefan Lofven a déclaré que Stockholm recommanderait vendredi la généralisation des contrôles de passeports biométriques aux frontières de Schengen. Ces passeports sont munis de puces électroniques contenant des données personnelles relatives à son détenteur. (Tangi Salaün, Jean-Philippe Lefief et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)