Publicité

Vermoulu

Francois Hollande et le Premier ministre Abdelmalek Sellal le 4 décembre.

Hollande l’Algérien… Depuis longtemps, le président de la République a tissé des liens étroits avec l’Algérie. Souvenir d’un stage de l’ENA, sympathie personnelle, calcul politique ou stratégique, tout se conjugue pour faire de François Hollande l’ami d’un pays dont le rôle est décisif dans l’arc maghrébin. Le raisonnement se tient : outre qu’il faut panser les plaies héritées de notre dernière guerre coloniale, le basculement de l’Algérie dans l’islamisme provoquerait un séisme géopolitique dont personne ne sortirait indemne, ni les Algériens, ni les Français, ni les pays voisins. Cette option de realpolitik a son revers. Privilégier Abdelaziz Bouteflika, c’est menacer les liens historiques avec le Maroc, eux aussi fort utiles. C’est surtout cautionner un système de pouvoir à la fois répressif et vermoulu, fondé sur un complexe militaro-nationaliste aux pratiques bien ancrées de clanisme, de dureté et de clientélisme. Maintenu en place faute d’un successeur sur lequel généraux et colonels pourraient s’accorder, le Président passe progressivement du statut d’homme de fer à celui d’homme de paille.

Dans ce régime en trompe- l’œil, tout repose sur la rente pétrolière. Depuis l’effondrement des cours du brut, les assises mêmes de la société algérienne sont ébranlées. La caste compliquée qui gouverne le pays n’a pas su le développer. Elle n’a pas plus apprivoisé la demande de démocratie qui gronde en sourdine au-delà des proclamations officielles. Ce sont des dictateurs, diront les diplomates français, mais ce sont les nôtres. Est-ce si sûr ? La verticale Paris-Alger est souvent sinueuse. En atterrissant à Alger, François Hollande se posera sur un volcan qui risque d’entrer bien tôt en activité.



Retrouvez cet article sur Liberation.fr

La malédiction du pétrole
Thomas Serres : «Le régime ne pourra plus acheter la paix sociale»
Le syndrome du Titanic
Crise à la roumaine : accusé de corruption, le Premier ministre s'accroche à son fauteuil
Le président soudanais joue à chat avec la CPI en Afrique du Sud