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La venue de Zemmour au Bataclan le 13 novembre indigne familles et rescapés

Éric Zemmour, ici photographié lors d'un meeting à Béziers mi-octobre, a provoqué la colère des familles de victimes et des survivants des attentats du 13 novembre 2015 en se servant des commémorations comme d'une tribune politique. (Photo: Eric Gaillard / Reuters)
Éric Zemmour, ici photographié lors d'un meeting à Béziers mi-octobre, a provoqué la colère des familles de victimes et des survivants des attentats du 13 novembre 2015 en se servant des commémorations comme d'une tribune politique. (Photo: Eric Gaillard / Reuters)

EXTRÊME DROITE - Une première honteuse. Depuis les attentats qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis en 2015, jamais aucune personnalité politique n’avait pris la parole sur les lieux des drames, préférant un hommage silencieux. C’était jusqu’à ce qu’Éric Zemmour, toujours pas déclaré officiellement pour la présidentielle de 2022, s’invite devant le Bataclan, samedi 13 novembre 2021.

Une visite à l’occasion de laquelle il a réitéré ses attaques contre François Hollande, coupable selon lui d’avoir permis à des terroriste d’entrer en France en n’interdisant pas le passage aux migrants. Une sortie qui n’a pas fini de faire parler et qui a scandalisé nombre d’associations de victimes et de survivants des attentats.

Lui même rescapé du Bataclan et aujourd’hui président de l’association Life For Paris, Arthur Dénouveaux a notamment dit sa colère après le déplacement très médiatisé du polémiste devant la salle de concert. D’ordinaire très mesuré dans ses propos, le trentenaire a qualifié Éric Zemmour de “profanateur de sépulture”, déplorant que la première prise de parole politique sur l’un des sites visés par les commandos islamistes soit celle-ci.

Pour le vice-président de Life of Paris, Olivier Laplaud, Éric Zemmour a effectivement transgressé “une règle tacite” en convoquant la presse à dessein devant le Bataclan pour y faire sa sortie, sûr qu’il était de faire parler de lui et de trouver ainsi une tribune.

L’association a publié ce dimanche un communiqué dans lequel elle rappelle que des partisans d’Eric Zemmour ont déjà utilisé des photos de victimes des attentats du 13-Novembre pour justifier leurs idées. Et d’ajouter à propos des événements de samedi: “Cette instrumentalisation politicienne des attentats nous scandalise au plus haut point. En prenant cette décision, Etic Zemmour n’a pas seulement sali une journée de commémorations [...] il a abîmé la mémoire des 90 personnes décédées au Bataclan.”

Dans la même veine, l’historien et survivant du 13-Novembre Christophe Naudin avait déjà regretté, sans en être surpris, la saillie d’Éric Zemmour à l’encontre de François Hollande. “On sait ce qu’il fait: il veut s’attaquer à François Hollande, à l’intégration, à l’islam et aux musulmans.”

“Je trouve ça obscène, indigne... Il n’y a pas vraiment de mot”, a poursuivi l’historien. “Certains parlent de quelqu’un qui ferait comme un charognard, mais pour moi un charognard, c’est utile. Là ce n’est pas le cas et c’est même dangereux.” Et de conclure en reprochant au polémiste d’avoir “instrumentalisé” les attentats dans un moment de recueillement au seul motif du droit à exprimer son opinion sur la gestion de la crise. “C’était difficile de faire pire.”

Georges Salines, autre figure de la mémoire des victimes du 13 novembre et père de Lola, assassinée en assistant au concert des “Eagles of Death Metal”, a renchéri après la visite au Bataclan en écartant l’idée d’un mauvais coup politique de la part du probable futur candidat au scrutin suprême.

“Je ne sais pas si c’est une erreur stratégique -faire l’apologie de Pétain, ça semblait déjà en être une-, mais c’est une ignominie de plus”, a réagi le président de l’association 13onze15. Et d’ajouter: “Nous n’en oublierons aucune.”

Au micro de BFMTV, l’avocate maître Samia Maktouf, qui représente une quarantaine de parties civiles au procès des attentats a abondé: “C’est de la lâcheté politique que d’utiliser ces victimes. Ce n’est pas possible d’utiliser de fausses informations, infondées et injustes pour raviver cette douleur.”

Comme eux, de nombreuses personnalités politiques ont réagi à la mise en scène d’Éric Zemmour face à une nuée de caméras et de journalistes. L’écoféministe Sandrine Rousseau a par exemple décrit un “con” qui “ose salir” et “récupérer” quand le député LREM François Jolivet parlait d’une “profanation” au service d’une “télé-réalité”.

À voir également sur le HuffPost: Commémorer le 13-Novembre en plein procès, un moment “historique” pour les rescapés

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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