Vents de Santa Ana, manque d'eau... Pourquoi les pompiers ont tant de mal à lutter contre les incendies à Los Angeles

Depuis bientôt une semaine, la cité des Anges s'est transformée en enfer de flammes. Les pompiers déployés tentent comme ils le peuvent de lutter contre les incendies qui ont fait au moins 24 morts, dévoré des dizaines de milliers d'hectares et détruit plus de 12.000 habitations ou bâtiments, selon le dernier bilan établi dimanche 12 janvier.

Mais comment expliquer que les milliers de soldats du feu à pied d'oeuvre à Los Angeles éprouvent tant de difficultés à éteindre les feux, ou au minimum à contenir leur propagation? Dimanche, sur son compte Truth Social, Donald Trump a jugé que les politiciens locaux étaient responsables de la situation, les qualifiant d'"incompétents".

"C'est l'une des pires catastrophes de l'histoire de notre pays. Ils n'arrivent pas à éteindre les incendies. Qu'est-ce qui ne va pas chez eux?", s'est emporté le président américain élu.

Les vents de Santa Ana, un "sèche-cheveux géant"

Sur le terrain, plusieurs facteurs compliquent leur tâche des pompiers. Le premier en cause est le vent et plus précisément les vents dits de Santa Ana, que le Washington Post compare à un "sèche-cheveux géant".

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Les vents de Santa Ana ne devraient pas être au programme à cette période de l'année puisqu'ils souflent habituellement entre les mois de septembre et mai. Ils surviennent lorsque l'air froid s'accumule dans les États voisins, l'Utah et le Nevada, avant que cette masse s'asséchant et se réchauffant au fil de son trajet ne dévale les montagnes californiennes.

Les vents de Santa Ana ont plusieurs conséquences délétères pour les pompiers. D'abord, ils créent des conditions favorables au déclenchement des incendies de forêts en asséchant une végétation qui n'a presque pas été abreuvée par une seule goutte de pluie en l'espace de huit mois. Ils ont ensuite la fâcheuse manie d'emporter les braises chaudes jusqu'à d'autres zones de végétation encore épargnées par les flammes.

Alors que ce "sèche-cheveux" a soufflé jusqu'à 160 km/h la semaine dernière, du jamais vu depuis 2011, les services météorologiques s'attendent à un renforcement de ces vents jusqu'à mercredi. Ils pourraient atteindre les 110 km/h à partir de mardi matin et être à l'origine d'un "comportement extrême des incendies", selon la météorologue Rose Schoenfeld, citée par l'AFP.

Comme le soulignait la semaine dernière auprès du New York Times Jess Torres, le chef de bataillon du département des forêts et de la protection contre les incendies, les vents de Santa Ana rendent encore plus délicate l'utilisation de moyens aériens pour lutter contre les flammes.

Les bouches d'incendie en cause

Sans pouvoir compter autant qu'ils le voudraient sur l'appui d'avions larguant des retardateurs ou de l'eau, les pompiers de Los Angeles doivent bien souvent se reposer sur des bouches d'incendies... touchées par des pénuries d'eau. Cela a notamment été le cas à Pacific Palisades, l'un des principaux quartiers touchés par les incendies.

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Pour comprendre comment une telle situation a pu se produire, le gouverneur démocrate de Californie Gavin Newsom a réclamé vendredi l'ouverture d'une enquête.

"Bien que l'approvisionnement en eau des bouches d'incendie ne soit pas conçu pour éteindre les incendies sur de vastes zones, ne pas pouvoir s'approvisionner en eau à partir de ces bouches a probablement nui aux efforts visant à protéger certaines maisons et couloirs d'évacuation", a affirmé Gavin Newsom dans ce document.

La cheffe des pompiers critiquait une baisse des effectifs

L'approvisionnement en eau n'est pas le seul objet de polémique concernant la gestion des incendies depuis une semaine. Sur une chaîne de télévision locale, la responsable des pompiers de Los Angeles, Kristin Crowley, a dit déplorer un manque persistant "de personnel, de ressources et de fonds" destinés aux soldats du feu.

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Dans un mémorandum adressé le mois dernier à la maire de Los Angeles Karen Bass, Kristin Crowley mettait en garde sur le fait que la baisse du nombre de postes alloués aux pompiers de la ville et la suppression d’heures supplémentaires causaient "des défis opérationnels sans précédent" et "limitait gravement la capacité du département à se préparer, à s’entraîner et à répondre aux urgences à grande échelle, y compris les incendies de forêt".

Samedi, au cours d'une conférence de presse avec Kristin Crowley à ses côtés, Karen Bass s'est efforcée de minimiser ces tensions. Elle a assuré que les responsables politiques, des services de secours et de sécurité étaient "tous sur la même longueur d'ondes".

Article original publié sur BFMTV.com