Venezuela : le pouvoir de Maduro n'est "pas viable", assure la cheffe de l'opposition

La cheffe de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado en visioconférence lors du sommet annuel Concordia 2024, le 25 septembre 2024 à New York (John Lamparski)
La cheffe de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado en visioconférence lors du sommet annuel Concordia 2024, le 25 septembre 2024 à New York (John Lamparski)

La cheffe de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado, qui revendique la victoire de son camp à la présidentielle de juillet, a affirmé vendredi que le pouvoir de Nicolas Maduro n'était "pas viable", deux mois après la réélection contestée du dirigeant.

"C'est une situation intenable. Maduro essaie de transmettre aux siens (...) que cela se stabilise, que le monde va tourner la page, que les Vénézuéliens vont se taire. Cela n'arrivera pas", lance Mme Machado, 56 ans, lors d'un entretien à l'AFP.

"Ce système n'est pas viable financièrement, diplomatiquement et, surtout, socialement. Il est impossible que le Venezuela se stabilise. Maduro a 90% du pays contre lui. La seule chose qui lui reste, c'est la violence et la terreur", ajoute Mme Machado, qui a remporté les primaires de l'opposition mais a été déclarée inéligible par le pouvoir.

Vivant dans la clandestinité depuis le scrutin du 28 juillet, elle a été interviewée par visioconférence, apparaissant devant un fond blanc évitant ainsi toute indication sur son lieu de séjour.

- "délégitimé" -

M. Maduro, dont la victoire a été validée par la Cour suprême le 22 août, a été proclamé vainqueur avec 52% des voix par le Conseil national électoral qui n'a cependant pas rendu publics les procès-verbaux des bureaux de vote.

Selon l'opposition, qui a publié le décompte des voix fourni par ses scrutateurs, son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia a obtenu plus de 60% des voix.

Après l'annonce de la réélection de M. Maduro, des manifestations spontanées ont fait 27 morts et 192 blessés. Quelque 2.400 personnes ont en outre été arrêtées, de source officielle.

"Personne ne doute de la victoire de M. Gonzalez Urrutia (...) Nous sommes dans une phase totalement nouvelle, où le régime est absolument délégitimé, où sa politique de répression a été si brutale qu'elle a (...) fait du régime un paria au niveau international", estime Mme Machado, se félicitant d'un "soutien total, un alignement total" de la communauté internationale.

"Cela a un impact sur les piliers du système, qui sont de moins en moins nombreux et de plus en plus faibles", estime-t-elle, à la veille d'une grande mobilisation, deux mois jour pour jour après le scrutin.

Pour contourner une éventuelle répression, l'opposition a choisi de ne pas faire un rassemblement avec "50.000 personnes", mais plutôt "un millier d'assemblées de 50 personnes chacune. C'est très puissant", estime Mme Machado.

- vague migratoire -

La cheffe de l'opposition souligne en outre les difficultés économiques que traverse le pays, assurant que le nombre de personnes traversant la frontière brésilienne est passée de 50 par jour avant l'élection à plus de 300.

"Certaines personnes ne peuvent pas attendre (un changement, ndlr) (...). Quand vous avez faim, quand vous ne pouvez pas inscrire votre enfant à l'école, quand vous ne pouvez pas payer vos médicaments, vous ne pouvez pas attendre", note-t-elle.

Quelque sept des 30 millions de Vénézuéliens ont fui le pays depuis 2014 en raison de la crise politique et économique que traverse le pays, et les experts s'attendent à une nouvelle vague migratoire.

"Chaque jour qui passe, le coût pour rester au pouvoir pour Maduro augmente. Chaque jour qui passe, ils s'affaiblissent. Chaque jour qui passe, nous recevons plus de soutien", assure Mme Machado.

La dirigeante dit agir pour réduire le "cout de sortie" de M. Maduro, mais refuse de donner une quelconque indication sur l'offre qui pourrait lui être proposée comme une éventuelle immunité.

Elle assure aussi que l'armée, un des piliers du pouvoir, se fissure avec "des commandants militaires de moins en moins nombreux".

Et promet que le "10 janvier" prochain, date de la passation de pouvoir entre les deux mandats présidentiels, c'est Edmundo Gonzalez Urrutia qui "prêtera serment au Venezuela".

Sur le plan personnel, elle explique vivre parfois "des semaines sans contact humain", mais refuse pour le moment de s’exiler comme M. Gonzalez Urrutia, réfugié en Espagne : "Je suis là où je me sens le plus utile pour la lutte au Venezuela".

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