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Velázquez en majesté

«Vénus au miroir», vers 1647-1651.

Dans une exposition remarquable, le Grand Palais présente les œuvres du peintre sévillan, depuis ses toiles de jeunesse jusqu’à celles réalisées pour la cour d’Espagne.

Ni trop long ni trop court, assez peuplé de petits maîtres de la famille Velázquez pour laisser respirer les chefs-d’œuvre du Sévillan venus de partout, le parcours de l’exposition au Grand Palais s’achève sur une rotonde noire où se dresse un énorme cheval blanc et mat, en majesté, pansu à ne plus en sauter le moindre obstacle, anti-Greco en diable, la queue longue et flottante comme une fin de règne. Il est harnaché, mais sans cavalier. Velázquez l’a peint entre 1634 et 1638 ; l’expertise le dit inachevé. Dans le haut du grand fond brun et gris, un corps d’homme nu se devine, héros ou dieu - ou simplement homme. Sa masse affronte le crépuscule pictural, l’abstraction d’un pouvoir qui domine et va s’éteindre : celui de la monarchie espagnole, ou, peut-être, celui que chacun croit avoir sur sa vie quand le soleil ne s’y couche pas.

Ce fond rappelle les derniers tableaux du Titien, où la matière dissout le dessin dans la glaise des couleurs sombres. Velázquez a voyagé deux fois en Italie, à presque vingt ans d’intervalle, en 1630 et en 1649, comme tout artiste se devait de le faire. Il admirait le Titien. A un siècle de distance, il ne partage pas avec lui que cette caresse existentielle du coloris. Il enchante et défait le pouvoir hispanique qui l’entretient avec la même intensité. Titien au temps de Charles Quint, Velázquez au temps de Philippe IV : l’artiste domine le grand en le célébrant. L’un avait peint le pape Paul III ; l’autre a peint le pape Innocent X. Justement, peu avant le cheval blanc, le voilà.

Crapauds. Le portrait est venu de Rome. Comme l’animal, l’être du pape explose d’aussi loin qu’on le voit, mais pour une autre raison : sa puissance méchante et raisonnée domine, par-dessus la couperose et l’habit rouge, pour finir en presque douceur dans les mains, la droite surtout, baguée, qui (...)

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