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Valls soutient Darmanin sur l'insécurité: "Le ministre de l'Intérieur, il doit dire la vérité"

Malgré son affection personnelle pour Eric Dupond-Moretti, l'ex-Premier ministre juge que le garde des Sceaux tient un raisonnement daté sur le problème de la délinquance en France.

Le gouvernement de Jean Castex se refuse-t-il à affronter pleinement le problème de l'insécurité en France? "J'espère pas, parce qu'alors ils vont dans le mur, si c'est comme ça", prévient Manuel Valls. L'ancien Premier ministre de François Hollande, invité ce dimanche de Ruth Elkrief, le rendez-vous, commente la polémique qui a pollué la fin d'été de l'exécutif: celle autour du terme "ensauvagement", source de discorde entre Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti.

Lui-même ex-ministre de l'Intérieur, Manuel Valls juge "dangereux" ce potentiel jeu de rôles entre la place Beauvau et la place Vendôme. Sur les mots utilisés par Gérald Darmanin - que la gauche accuse d'emprunter au lexique de l'extrême droite -, l'ancien député socialiste se montre solidaire: "Je pense que le ministre de l'Intérieur, il doit dire la vérité."

"J'aime beaucoup Eric Dupond-Moretti, comme tout le monde, mais il date, dans cette affaire-là. (...) S'ils continuent ce débat-là, alors à ce moment-là, j'ai peur pour notre démocratie", s'alarme notre invité.

"L'insécurité touche les plus faibles"

Pour le prédécesseur de Gérald Darmanin, ce dernier "se situe dans cette volonté de combattre l'insécurité". "J'espère qu'il aura le soutien et les moyens (...) pour réussir", ajoute Manuel Valls, dont le diagnostic est très similaire à celui de l'actuel ministre de l'Intérieur:

"L'insécurité, elle touche d'abord les plus faibles dans la société: les femmes victimes des violences, les jeunes victimes du racket, les ouvriers qui travaillent dur dans les quartiers, dans les transports..."

L'intéressé reproche par ailleurs au précédent gouvernement, celui d'Édouard Philippe, d'avoir "cassé le thermomètre, l'Observatoire de la délinquance et toutes les grandes enquêtes de victimation qui, elles, donnent ce que ressentent les Français". Interrogé sur les critiques dont les forces de l'ordre font régulièrement l'objet depuis le début de la mobilisation des gilets jaunes, Manuel Valls se montre là aussi catégorique:

"Je ne pense pas qu'on puisse parler de violences policières."

Macron naïf ?

Plus largement, et ce n'est pas nouveau dans la bouche de celui qui s'est toujours démarqué d'Emmanuel Macron sur le terrain de l'identité française et des problèmes des banlieues, l'ex-élu d'Evry estime que le diagnostic initial du chef de l'État sur le défi islamiste n'était pas le bon:

"En 2015, 2016, Emmanuel Macron et ses proches (...) avaient une autre théorie: l'idée qu'il y avait un terreau économique, social, qu'on pouvait expliquer peut-être ce qu'il se passait... Non, il y a des explications, mais il peut pas y avoir d'excuses! Prendre des kalachnikovs et tuer des gens, ça ne peut pas être le résultat de l'exclusion et du chômage, c'est trop facile!"

Article original publié sur BFMTV.com

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