« Pas de vagues » : quand les parents s’incrustent à l’école
« En un instant, on a ruiné mon autorité. » Paul* garde le souvenir, encore amer, de ce cours d'histoire-géographie au cours duquel son chef d'établissement a reconduit en classe l'élève qu'il venait d'exclure. Il est alors enseignant à Gennevilliers (Hauts-de-Seine) et c'est sa première année dans l'Éducation nationale. Cinq ans après, il se souvient de l'élève et du principal de l'établissement, postés sur le pas de la porte. « Je n'ai rien opposé, mais j'ai su que contester le bien-fondé de ma sanction, et devant toute la classe, était la pire initiative. »
Cet épisode est loin d'être un cas isolé. Nombreux sont les professeurs à faire la douloureuse expérience de la remise en cause de leur autorité par des chefs d'établissement soucieux de ne pas « faire de vagues » ? soit minimiser ou taire des faits pour éviter tout rapport de force et différend avec les élèves. Mais aussi avec leurs parents, toujours plus enclins à s'inviter dans l'enceinte de l'école pour s'interposer entre les professeurs et leur enfant.
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Une ingérence en rien nouvelle. Sous le Second Empire déjà, elle hérissait les professeurs et était reconnue, par l'institution elle-même, comme un problème. Ainsi une enquête ministérielle de 1861 qualifiait-elle les parents de « fléaux des écoles [?] convaincus du tort des maîtres ». « On pense que, dans le temps, les parents doublaient la punition infligée à leur enfant par s [...] Lire la suite