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Vague de fusions dans le domaine de la pharmacie

par Caroline Copley et Paul Sandle

ZURICH (Reuters) - Le secteur de la pharmacie est en pleine recomposition en Europe comme aux Etats-Unis, avec d'un côté le suisse Novartis et le britannique GlaxoSmithKline (GSK), qui échangent pour plus de 20 milliards de dollars d'actifs et, de l'autre, le canadien Valeant qui lance une offre de quelque 47 milliards de dollars sur l'américain Allergan.

Ces transactions, qui interviennent après un article paru au cours du week-end disant qu'AstraZeneca avait rejeté une première approche de 101 milliards de dollars de Pfizer, tirent vers le haut les places boursières des deux côtés de l'Atlantique.

Aussi bien à Wall Street qu'en Europe, les indices regroupant les valeurs pharmaceutiques affichent les plus fortes progressions de la journée, +1,30% aux Etats-Unis - alors que le S&P 500 avance de 0,51% - et +2,87% en Europe où l'indice Stoxx 600 a terminé en hausse de 2,15%.

Ce mouvement de consolidation s'explique à la fois par la volonté des plus grands noms du secteur de concentrer leurs efforts sur un nombre plus restreint de segments d'activité et par celle des entreprises de dimensions plus modestes - que ce soient les laboratoires déjà très spécialisés ou les fabricants de génériques - d'atteindre une taille critique.

Depuis le début de l'année, la valeur des rapprochements entre laboratoires pharmaceutiques a plus que doublé, à 77,9 milliards de dollars, par rapport à la même période de 2013.

Avant les annonces faites par Novartis et Valeant, le groupe pharmaceutique indien Sun Pharmaceutical Industries avait annoncé au début du mois son intention d'absorber son compatriote Ranbaxy Laboratories pour 3,2 milliards de dollars en vue de créer le cinquième fabricant mondial de génériques.

Toujours dans les génériques, l'américain Actavis avait annoncé vers la mi-février le rachat de son compatriote Forest Labs pour environ 25 milliards de dollars.

Autre opération d'envergure : l'annonce en janvier par Johnson & Johnson de la vente de sa filiale Ortho Clinical Diagnostics (OCD) au groupe de capital-investissement Carlyle pour 4,15 milliards de dollars.

FORTE HAUSSE DES TITRES GLAXO, ASTRA, NOVARTIS

Novartis a précisé qu'il rachèterait les produits d'oncologie de GSK pour 14,5 milliards de dollars (10,5 milliards d'euros), tout en lui cédant ses activités dans les vaccins, hors grippe, pour 7,1 milliards de dollars (5,15 milliards d'euros) auxquels s'ajouteront des redevances.

En plus de ces transactions avec son concurrent britannique, Novartis a également annoncé la cession de sa division de santé animale à Eli Lilly pour un total d'environ 5,4 milliards de dollars.

En Europe, les actions GlaxoSmithKline (+5,20%) et AstraZeneca (+4,72%) ont affiché les deux meilleures performances de l'indice Stoxx 50, suivies de près par les titres Bayer (+3,99%), Novartis (+2,28%) et Sanofi (+2,19%). Peu après la clôture des Bourses européennes, l'action Eli Lilly cédait en revanche 0,59% à Wall Street.

Avec l'acquisition de la santé animale de Novartis, Elanco, la division correspondante d'Eli Lilly, va passer du quatrième au deuxième rang mondial. Lors d'une interview à Reuters, son président Jeff Simmons a souligné que l'opération renforcerait la position de la division d'Eli Lilly sur les marchés émergents, de plus en plus consommateurs de protéines animales et demandeurs en produits vétérinaires pour l'élevage et pour les animaux de compagnie. "Je pense que ces consommations émergentes - les oeufs, le poisson, les produits laitiers - sont décisives", a-t-il dit notamment.

Novartis a annoncé la vaste réorganisation de ses activités à la suite d'un très attendu passage en revue, qui a duré un an, de son gigantesque portefeuille d'activités, héritage de la fusion, pilotée en 1996 par l'ancien P-DG Daniel Vasella, entre Ciba-Geigy et Sandoz, qui avait donné naissance à Novartis.

Avec la reprise de l'oncologie de GSK, le groupe suisse sera désormais le numéro deux mondial des traitements du cancer, derrière son compatriote Roche.

GÉANT DE DERMATOLOGIE ET DE L'OPTIQUE.

Peu après les annonces faites par Novartis, le canadien Valeant Pharmaceuticals International a confirmé mardi vouloir acquérir Allergan, fabricant de l'anti-rides Botox, pour se renforcer dans les soins dermatologiques et optiques.

Valeant propose 48,30 dollars en numéraire et 0,83 action ordinaire pour chaque titre Allergan. Cette offre non-sollicitée, qui pourrait donner naissance au numéro cinq mondial de la pharmacie, valorise le laboratoire américain à quelque 47 milliards de dollars (34 milliards d'euros).

L'offre de Valeant représente un prix de 152,88 dollars par action Allergan, soit une prime de plus de 7% par rapport au cours de clôture de lundi à 142,00 dollars.

Vers 16h00 GMT, l'action Allergan s'envole de 15,23% à 163,62 dollars à Wall Street, un cours qui dépasse le prix de l'offre, ce qui suggère que les investisseurs anticipent une forme de surenchère. Valeant grimpe de son côté de près de 5%, à 145,74 dollars canadiens, à la Bourse de Toronto.

Valeant a multiplié les acquisitions ces derniers temps, la dernière en date étant Bausch & Lomb Holdings.

Allergan qui, en plus du Botox, détient également un portefeuille rentable de traitement de différentes affections des yeux, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 6,3 milliards de dollars, soit un peu plus que les 5,8 milliards de ventes annoncés par Valeant pour l'année dernière.

(Avec les contributions d'Alice Baghdjian à Zurich, de Ben Hirschler et Anjuli Davies à Londres, d'Euan Rocha à Toronto et de Gus Trompiz à Paris, Benoît Van Overstraeten pour le service français, édité par Véronique Tison)