Vaccination: la stratégie de Macron de s'adresser aux jeunes peut-elle être efficace?

Emmanuel Macron a publié ce lundi 2 août une vidéo sur son compte Instagram - Instagram Emmanuel Macron
Emmanuel Macron a publié ce lundi 2 août une vidéo sur son compte Instagram - Instagram Emmanuel Macron

Arrivé depuis peu au Fort de Brégançon pour une pause estivale dans le Var, Emmanuel Macron s'est prêté lundi au jeu des questions-réponses sur la vaccination en direct sur son compte Instagram. Le chef de l'État s'est affiché en tee-shirt noir, le teint légèrement hâlé, avec un drapeau français en fond et se filmant lui-même.

Une mise en scène décontractée qui contraste avec les allocutions présidentielles enregistrées depuis l'Élysée, et un exercice qui permet à Emmanuel Macron de reprendre la main sur la communication autour de la vaccination, avec l'objectif d'atteindre les 50 millions de primo-vaccinés d'ici la fin du mois d'août en ligne de mire. Une stratégie efficace pour permettre à la couverture vaccinale de progresser?

Des médecins partagés sur la stratégie

"Beaucoup de personnes se posent encore des questions sur le vaccin, beaucoup de ces questions sont légitimes et il faut essayer d'y répondre", estimait lundi sur BFMTV Bertrand Guidet, chef du service de médecine intensive-réanimations à l'hôpital Saint-Antoine, à Paris.

Que ces messages passent par le chef de l'État, "pourquoi pas", admet le médecin, "mais il y a malheureusement un certain nombre de personnes qui sont contre le vaccin parce qu'ils sont contre Macron et donc il y a un amalgame qui est fait. Je ne suis pas absolument certain que ça nous aide. En revanche, je pense que d'autres personnes, des sportifs, des acteurs, des personnes qui sont suivies sur les réseaux sociaux, doivent maintenant monter au créneau pour défendre la vaccination", croit savoir le soignant.

"Ça facilitera peut-être le discours que nous médecins essayons de faire passer depuis longtemps", avançait a contrario le médecin réanimateur Édouard Obadia, qui exerce à l'hôpital privé Claude-Galien de Quincy-sous-Sénart (Essonne), également sur notre antenne.

Faire naître un "bruit médiatique"

Qu'importe le vecteur, c'est le message qui compterait? En exhortant à la vaccination et en tentant de convaincre les personnes encore indécises, dont de nombreux jeunes, Emmanuel Macron, par cette "séquence inattendue", a fait naître un "bruit médiatique", analysait sur notre plateau Mathilde Aubinaud, enseignante en communication politique.

"L'objectif c'est de faire parler encore une fois du sujet de la vaccination à travers les jeunes, et ça a été une stratégie de communication qui a été très habile puisqu'en pleines vacances scolaires, le chef de l'État s'est adressé aux jeunes depuis le Fort de Brégançon", estime la chercheuse.

"Le choix d'Instagram, le choix de TikTok, il est judicieux parce que ces médias sociaux sont ceux des jeunes, donc ça permet d'aller là où ils sont, là où ils vont, en étant attentifs à leurs usages, leurs pratiques de consommation médiatique, et puis ça permet aussi de faire naître la conversation, d'être dans l'interaction. Les questions étaient très nombreuses aussi donc de faire naître le débat, d'avoir une possibilité de rassurer les jeunes et puis au-delà même, leur famille, leurs proches", ajoute Mathilde Aubinaud.

Contourner le "décorum officiel"

Pour Arnaud Mercier, professeur de communication politique à l'université Paris 2 - Panthéon-Assas, la vidéo d'Emmanuel Macron, dans sa mise en scène, permet "d'éviter la barrière de l'intimidation, du décorum officiel" qui aurait tendance à mettre un peu à distance les interlocuteurs.

Les gens "vont quand même aller regarder la vidéo, ils vont quand même entendre un discours. (...) Je ne pense que ça ne peut pas nuire au passage du message", estime l'enseignant sur BFMTV.

La communication portera-t-elle ses fruits? L'opération suscite en tout cas un intérêt indéniable. Depuis leur mise en ligne, les trois vidéos extraites de la séance de questions-réponses cumulaient plus de 1,5 million de vues sur Instagram, ce mardi en début d'après-midi.

Article original publié sur BFMTV.com