Vaccination, pauvreté, crise sociale... les raisons de la colère en Guadeloupe

Provoqué par la défiance vaccinale, le mouvement qui secoue la Guadeloupe depuis une semaine trouve ses racines dans un climat économique et social tendu depuis plusieurs années.

Barricades, pillages, incendies... Depuis une semaine, la Guadeloupe est secouée par un mouvement émaillé de violences. Né de la contestation face à l'obligation vaccinale des soignants, les protestations s'inscrivent dans un climat social tendu depuis plusieurs années.

Selon le président du conseil régional de Guadeloupe, Ary Chalus, "ce mouvement n'est pas seulement à cause de l'obligation vaccinale" mais aussi la conséquence d'un "retard de 40 ans en matière de développement économique et social".

La Guadeloupe accuse notamment un PIB par habitant 37% inférieur à la métropole, un jeune sur trois est au chômage et les coupures d'eau sont quotidiennes.

"Ils ont poussé les gens au désespoir"

"Aujourd'hui, l'État, les autorités, récoltent leurs dividendes. Ils ont poussé les gens au désespoir, ils ont traité les gens avec mépris, et bien là, c'est la réponse des jeunes", s'exclame à Le Gosier un automobiliste interrogé par BFMTV.

"On ne demande pas de l'argent, on demande d'être écouté, on demande de la concertation", explique Ary Chalus alors que, si le mouvement est né de l'obligation vaccinale des soignants, 90% d'entre eux ont déjà reçu leur injection. "Nous sommes Français donc nous devons être traités de la même manière que les autres régions de France", ajoute-t-il auprès de nos confrères du Huffington Post.

Elie Domota, porte-parole du collectif LKP et figure majeure lors de la grève de 2009, s'indigne à notre micro: "Ce n'est plus une revendication syndicale, c'est une revendication populaire car il y a une grande souffrance en Guadeloupe. Il faut que l'État français entende cette souffrance et ouvre les négociations."

Des renforts policiers

Début 2009, la Guadeloupe avait tenu une grève générale, notamment excédée par les prix mirobolants des produits de première nécessité. Après plusieurs semaines de mobilisation dans les Antilles, l'ancien chef de l'État, Nicolas Sarkozy, avait annoncé 580 millions d'euros pour les territoires d'Outre-Mer. Mais douze ans plus tard, les écarts de prix entre la Guadeloupe et la métropole sont toujours énormes.

Face aux pillages, l'État a choisi la "fermeté", a affirmé dimanche le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. Des renforts de policiers et de gendarmes envoyés de métropole, notamment 50 membres des unités du GIGN et du Raid, sont arrivés sur zone ce week-end. 200 policiers et gendarmes sont encore attendus sur l'île. Un couvre-feu de 18 à 5 heures du matin a été instauré par la préfecture dès vendredi.

Réunion entre l'État et des élus guadeloupéens

Le Premier ministre Jean Castex, accompagné du ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu et du ministre de la Santé Olivier Véran, doivent parallèlement recevoir lundi soir à Matignon des élus de l'île afin de leur permettre "d'exposer leur analyse de la situation sur place". La réunion doit aussi permettre "un dialogue sur les conséquences de l'obligation de vaccination pour les soignants et les pompiers".

Joël Jacques est responsable d'un supermarché. Son magasin est proche d'un barrage en place depuis jeudi dernier. "On est impuissants... Vous voulez qu'on fasse quoi?", s'interroge-t-il. D'autant que la situation pourrait perdurer et, même, s'étendre: un appel à la grève générale en Martinique, l'île voisine des Antilles, a été lancé pour lundi.

Article original publié sur BFMTV.com

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