Vaccination obligatoire: à gauche comme à droite, des voix s'élèvent pour ouvrir le débat

Préparation d'une dose de vaccin contre le Covid-19, dans un centre de la Croix Rouge Place de la République à Paris, le 29 juin 2021 - MARTIN BUREAU © 2019 AFP
Préparation d'une dose de vaccin contre le Covid-19, dans un centre de la Croix Rouge Place de la République à Paris, le 29 juin 2021 - MARTIN BUREAU © 2019 AFP

Le projet de loi prévoyant l'extension du pass sanitaire est toujours en cours d'examen à l'Assemblée nationale et des voix s'élèvent de plusieurs bords de l'hémicycle pour ouvrir le débat sur l'opportunité de rendre la vaccination contre le Covid-19 obligatoire.

Le Parti socialiste (PS) s'est montré le plus prompt et le plus explicite en ce sens. Dès ce lundi soir, à la veille du début de l'examen du texte en commission à l'Assemblée nationale, députés et sénateurs socialistes ont publié un communiqué commun dans lequel ils disent "oui à la vaccination obligatoire" à partir du 1er octobre, mais "non au pass sanitaire tel que proposé par le gouvernement".

Les élus rejettent notamment la demande qui serait faite "aux restaurateurs, aux cafetiers, aux commerçants ou aux bénévoles qui organisent des manifestations d'assurer des contrôles pour lesquels ce n'est pas leur mission".

"Dans toute démocratie, ces contrôles incombent à l'État: nous refusons ce que propose le gouvernement, c'est-à-dire que la moitié de la population contrôle l'autre moitié de la population", ont-ils écrit.

Les responsables d'établissements culturels - comme les cafés et restaurants à partir de début août - devront bien contrôler le pass sanitaire à l'entrée, mais ils ne seront pas chargés de la "vérification de l'identité" des personnes qui le présentent, a depuis nuancé le Premier ministre Jean Castex mercredi sur TF1.

Dans le reste de la gauche, l'idée de rendre la vaccination obligatoire ne fait guère l'unanimité. Le leader de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon a marqué dès la fin de semaine passée son opposition "à la vaccination obligatoire dans l'état actuel des connaissances et des vaccins", fustigeant par ailleurs l'obligation du pass sanitaire qui va impliquer "un changement profond de notre manière de vivre" et "une restriction considérable des libertés".

Un débat qui monte à droite

Moins catégoriques que les socialistes, plusieurs personnalités issues des rangs des Républicains (LR) demandent à ce que le débat soit ouvert sur une vaccination obligatoire. C'est notamment le cas du député du Vaucluse Julien Aubert, qui a jugé mardi sur France 2 qu'il s'agissait-là du "vrai sujet".

"J'aurais préféré un calendrier plus large en disant: 'au 1er octobre, le vaccin deviendra obligatoire, mais peut-être pas pour tout le monde', parce qu'il y a un bilan coût-avantage à faire par rapport aux effets", a-t-il défendu. "Je prône que l'on débatte de la vaccination, pas pour tout le monde, mais vaccination obligatoire", a-t-il poursuivi.

"Nous sommes favorables à la vaccination obligatoire pour les soignants et tout le personnel qui travaille, de près ou de loin, dans le monde médical et médico-social", a appuyé le même jour le chef de file des députés LR Damien Abad dans un entretien aux Échos.

"À la limite, la vaccination obligatoire pour tous ceux qui reçoivent du public aurait été plus transparente et moins hypocrite qu'un système de pass sanitaire qui revient à une vaccination obligatoire déguisée", a entrouvert l'élu de l'Ain.

Robert Ménard résigné

"C'est même pas si j'y suis favorable ou pas, c'est qu'on passera par ça", croit savoir Robert Ménard, interrogé mercredi sur BFMTV au sujet de la vaccination obligatoire. "Oui, c'est attentatoire à votre liberté, mais à un moment donné, il faut peut-être limiter les libertés si c'est le prix à payer pour demain vivre plus librement", a jugé le maire de Béziers.

"On y sera obligé", a poursuivi l'édile élu avec l'appui du Rassemblement national, estimant que la vaccination obligatoire n'avait pas été annoncée à ce stade par "absence de courage politique".

Invité de BFMTV-RMC ce jeudi matin, le président du groupe La République en Marche (LaREM) à l'Assemblée nationale, Christophe Castaner, a battu en brèche cette accusation. "Je ne crois pas que ce soit un manque de courage, parce que toutes les décisions que nous avons prises, du jour du premier confinement jusqu'à ce texte de loi (sur le pass sanitaire, NDLR), il faut du courage pour l'assumer et d'ailleurs c'est notre responsabilité, nous la majorité", a-t-il rétorqué.

"Par la conviction, l'échange, le dialogue et la pédagogie, on arrive à faire beaucoup. Le président de la République s'est exprimé, il a dit qu'on allait continuer sur cette voie (...) mais qu'il n'écartait pas à terme qu'une vaccination obligatoire puisse entrer en vigueur dans notre pays, ce sont ses mots dans son allocution du 12 juillet", a nuancé ce jeudi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal sur France Inter.

Article original publié sur BFMTV.com