"On va avoir qui à la place?": les agriculteurs inquiets d'une possible censure du gouvernement Barnier
Un gouvernement Barnier qui ne tient plus qu'à un fil. Alors que l'Assemblée nationale se prononce ce lundi 2 décembre sur le très sensible budget de la Sécurité sociale, avec la possibilité d'un recours au 49.3 et déjà la perspective d'une motion de censure de la part de la gauche et du Rassemblement national, de nombreuses professions expriment leur inquiétude quant à l'instabilité politique actuelle.
Parmi eux, les agriculteurs, qui après des actions importantes en début d'année et des avancées obtenues au forceps, ont multiplié les nouvelles manifestations au cours du mois de novembre. Pour eux, une éventuelle censure marquerait un net retour en arrière sur plusieurs points.
À BFMTV, Jérôme Freville, viticulteur à Blaignac-Prignac, en Gironde, et adjoint du syndicat agricole FNSEA 33, évoque ainsi l'allègement des charges patronales pour chaque travailleur saisonnier employé, une mesure dont il bénéficie depuis début 1er mai passé..
"Si l'exonération sur les Travailleurs occasionnels demandeurs d'emploi (TODE) n'a plus cours, ça veut dire qu'à peu près, pour chaque salarié que je vais embaucher, je vais perdre 150 euros par mois, donc une charge supplémentaire. On a quand même œuvré pour ça sur toute l'année, on a prévu des choses, et aujourd’hui on ne sait pas où on va", s'inquiète-t-il.
"On a envie de tout arrêter"
De manière générale, le secteur agricole est préoccupé, en cas de censure, par les propositions de loi agricoles actuellement examinées par le Parlement. Parmi elles: la levée des restrictions sur certains pesticides, la mesure concernant le stockage de l’eau ou encore l’évolution du rôle de l'Office français de la biodiversité (OFB).
"En fonction du gouvernement, qu'il soit avec ou contre nous, au moins on sait où on va", abonde, toujours à BFMTV, Anthony Feasson, éleveur laitier à Ardoix, en Ardèche, et vice-président des Jeunes Agriculteurs du département.
"Si aujourd'hui on a une ministre qui a l'air de vouloir de nous aider et que dans six mois elle n'est plus là, on va avoir qui à la place? Si pour une fois que ça peut avancer on nous coupe l'élan, on a plus envie de bouger, on a envie de tout arrêter", ajoute-t-il.
En cas de nouveau gouvernement dans les semaines à venir, les agriculteurs craignent également l'abandon de l'une des seules avancées concrètes obtenue cette année selon eux: la fin de la détaxation du gasoil non routier.
La censure inévitable?
C'est à partir de 15h que le texte concernant le budget de la Sécurité sociale, le PLFSS (projet de loi sur le financement de la sécurité sociale), issu d'un compromis entre une commission de sénateurs et députés, doit être examiné. En l'état, il ne devrait être voté ni par la gauche ni par l'extrême droite, dans une Assemblée divisée.
Après avoir obtenu que le gouvernement abandonne la hausse des taxes sur l'électricité et réduise l'aide médicale d'Etat (AME) pour les sans-papiers, le RN exige de nouvelles concessions, notamment sur la revalorisation des pensions de retraite ou un retour en arrière sur la baisse du remboursement de certains médicaments.
Mais pendant le week-end, le ministre des Comptes publics Laurent Saint-Martin a soutenu le texte tel que validé par la commission mixte paritaire ayant réuni une quinzaine de sénateurs et députés.