Ce vêtement japonais a su brillamment se réinventer en Occident
"La chose que l’on porte sur soi". C’est ce que signifie le terme japonais kimono. Une définition simple pour une histoire complexe. Elle débute à la période Heian, il y a plus de mille ans. Le kimono porte alors le nom de kosode. Il s'agit d'un sous-vêtement aux poignets étroits, d’origine... chinoise ! Au fil du temps, le kosode devient plus ample, ses manches s’élargissent et on le noue autour de la taille avec un obi, une large bande de tissu. Le kimono est né. Au début de la période Edo (1603-1868) "tout le monde le porte, quel que soit son sexe ou son statut social" explique Anna Jackson, commissaire de l’exposition Kimono, au musée du quai Branly-Jacques Chirac. Tout le monde, certes mais l’aristocratie et les élites guerrières portent des modèles plus sophistiqués que ceux des gens du commun. La naissance d’une bourgeoisie fortunée va changer la donne. Tissus précieux, broderies deviennent un moyen pour ces riches marchands de sortir symboliquement de leur condition en exhibant leur fortune.
Pour rétablir l’ordre social, des lois somptuaires sont mises en place par le régime des Tokugawa. Elles limitent l’extravagance du vêtement et interdisent au peuple de porter des kimonos trop luxueux. Chacun doit s’habiller selon son rang : la soie colorée pour l’élite, le coton sombre pour les autres... Sauf dans les quartiers de plaisir où les courtisanes de haut rang dictent les modes. Elles arborent de la soie bleue ou rouge (couleur érotique par excellence) et de complexes motifs (...)