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La colère s'étend aux USA malgré l'inculpation du policier de Minneapolis

LA COLÈRE S'ÉTEND AUX USA MALGRÉ L'INCULPATION DU POLICIER DE MINNEAPOLIS

par Brendan O'Brien et Carlos Barria

MINNEAPOLIS, Minnesota (Reuters) - De nouveaux heurts ont éclaté dans la nuit de vendredi à samedi à Minneapolis et dans plusieurs autres villes américaines comme New York et Atlanta, malgré l'inculpation du policier blanc à l'origine de la mort d'un homme noir, George Floyd, qu'il avait violemment plaqué au sol.

Le gouverneur démocrate du Minnesota a décidé de mobiliser l'intégralité de la Garde nationale, une force de réserve qui dépend de l'armée américaine, afin d'endiguer la violence qu'il impute à des "marginaux" venus profiter de la mort de George Floyd pour semer le chaos.

"Nous sommes attaqués" a déclaré Tim Walz. "L'ordre public doit être rétabli."

Un manifestant de 19 ans a été tué par balles à Détroit par un individu qui a foncé dans une foule de plusieurs centaines de personnes au volant d'une voiture de sport, et a ouvert le feu avant de prendre la fuite, selon des médias locaux, dont certains ont diffusé la scène en direct.

Donald Trump a de son côté cherché à atténuer les propos controversés qu'il avait tenus un peu plus tôt sur Twitter, où il avait écrit que "quand les pillages commencent, les tirs commencent aussi", disant "comprendre la douleur" de la famille de George Floyd, avec laquelle il s'est entretenu.

"La famille de George a droit à la justice. Les habitants du Minnesota ont droit à la sécurité", a déclaré le président des Etats-Unis.

"Les émeutiers ne devraient pas être autorisés à noyer les voix des nombreux manifestants pacifiques. Je comprends la souffrance, je comprends la douleur", a-t-il ajouté.

Le policier, Derek Chauvin, a été arrêté et inculpé pour acte cruel et dangereux et pour homicide involontaire. Il a été placé en détention. Trois autres policiers ont aussi été arrêtés et devraient être inculpés dans cette affaire.

"Nous avons des preuves, nous avons la vidéo du citoyen, cet acte horrible, horrifique, terrible que nous avons tous vu passer en boucle, nous avons la caméra du policier, les déclarations de témoins", a souligné Mike Freeman, le procureur du comté de Hennepin.

Malgré cette arrestation, des incidents ont de nouveau eu lieu vendredi soir près du commissariat de la ville du Minnesota où travaillaient les policiers, environ 500 protestataires ayant défié le couvre-feu imposé par les autorités.

La police anti-émeute a tiré des grenades lacrymogènes, des balles en caoutchouc et lancé des grenades offensives pour disperser la foule. Des heurts ont éclaté par la suite devant un autre commissariat de Minneapolis. Plusieurs bâtiments, dont une banque et une agence postale, ont été incendiés.

BIDEN CRITIQUE TRUMP

Le nombre de manifestants était néanmoins beaucoup plus faibles que les nuits précédentes, et les incidents ont dans l'ensemble été moins violents à Minneapolis.

Le mouvement de protestation a en revanche gagné d'autres villes, avec outre Détroit, des manifestations à Los Angeles, Denver, Houston, Atlanta ou New York.

Des violences entre protestataires et policiers ont éclaté dans le quartier de Brooklyn, à New York, ainsi qu'à Atlanta, où des vitres du siège de CNN ont été brisées.

Bernice King, la plus jeune fille de l'icône de la lutte pour les droits civiques Martin Luther King, avait auparavant appelé les manifestants rassemblés dans un parc d'Atlanta à rentrer pacifiquement chez eux.

A Washington, des agents de police du Secret Service s'étaient dans le même temps déployés en grand nombre autour de la Maison blanche, devant laquelle des dizaines de personnes s'étaient rassemblées aux cris de "je ne peux plus respirer", les derniers mots prononcés par George Floyd avant de mourir.

Joe Biden, le candidat à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle de novembre, a joint sa voix aux critiques contre les propos "incendiaires" tenus par Donald Trump sur Twitter.

"Ce n'est pas le moment pour des tweets incendiaires. Ce n'est pas le moment d'inciter à la violence", a écrit l'ancien vice-président de Barack Obama sur les réseaux sociaux.

Twitter a pour la première fois recouvert ce message de Donald Trump par un avertissement indiquant que le tweet en question enfreignait les règles du groupe relatives à la "glorification de la violence".

Cette décision a été prise alors que Trump, qui se dit victime de censure de la part de Twitter depuis plusieurs jours, a signé jeudi un décret présidentiel visant les opérateurs de réseaux sociaux et a annoncé qu'il s'efforcerait de faire adopter une loi pour le compléter.

(Avec Lisa Lambert à WASHINGTON, Peter Szekely et Jonathan Allen à NEW YORK, Steve Gorman à LOS ANGELES, Rich McKay à ATLANTA ; version française Tangi Salaün)