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USA/Migrants: Républicains sur la corde raide avant les élections

par Sharon Bernstein et James Oliphant

MODESTO, Californie/WASHINGTON (Reuters) - La politique de Donald Trump de séparation des parents migrants de leurs enfants à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique incite les élus républicains les plus vulnérables à prendre leurs distances sur ce thème impopulaire pour sauver leur siège aux élections parlementaires de mi-mandat.

Alors que des images de jeunes derrière des murs grillagés, conséquence de la politique de "tolérance zéro" du président américain font la une de la presse internationale, les républicains des circonscriptions qui s'annoncent très disputées pour les élections de novembre se sont empressés de dire à leurs électeurs sur les réseaux sociaux qu'ils n'approuvaient pas le fait de séparer les enfants de leurs parents

Dans le même temps, beaucoup de ces républicains n'osent pas non plus apparaître trop éloignés de la personnalité du président, compte tenu de sa popularité auprès de sa base conservatrice.

Mark Harris, pasteur conservateur qui tente de remporter un siège dans un district des environs de Charlotte, en Caroline du Nord, déclare dans un communiqué être "de plus en plus préoccupé par ce qui se passe" et appelle le Congrès à agir.

"Les enfants ne doivent pas être séparés de leurs parents à moins qu'il y ait une menace réelle pour la sécurité des enfants ou si les parents sont impliqués dans des comportements criminels graves", déclare le pasteur Harris, qui est par ailleurs d'accord avec le programme du président notamment sur la construction d'un mur entre le Mexique et les Etats-Unis.

Les candidats républicains dans les banlieues de Denver, Houston, Miami et Philadelphie, et dans le sud de la Californie se sont également exprimés contre la politique d'immigration.

"Si vous êtes un républicain au Congrès, c'est un cauchemar", déclare Joe Brettell, stratège républicain à Houston. "Attendez que les publicités commencent à paraître, montrant que le parlementaire républicain X a soutenu la séparation des familles et c'est à ce moment-là qu'on verra à quel point la résolution républicaine est forte sur cette question."

"IMMORAL ET CRUEL"

Les républicains centristes ont prévu de diffuser une publicité qui sera publiée en ligne par le groupe New Way mercredi.

Elle montre un enfant regardant à travers une clôture grillagée tandis qu'une voix de femme critique la pratique de la séparation familiale. "C'est immoral, c'est cruel et ça doit s'arrêter", dit la publicité.

Pour prendre le contrôle de la Chambre des représentants, les démocrates doivent obtenir 23 sièges de plus. S'ils réussissent, une grande partie du programme de Trump risque d'être bloquée.

Les sondages d'opinion montrent que la politique de Trump est impopulaire auprès de la plupart des Américains, bien que les républicains la soutiennent.

"Les électeurs indécis, les mères de famille vivant en banlieue, les électeurs de la classe moyenne sont rebutés par ce qu'ils voient en ce moment", estime le stratège démocrate Jim Manley.

Selon Chris Wilson, un sondeur républicain, la controverse est particulièrement forte dans les circonscriptions où vit une importante population hispanique ou dans celles où les républicains modérés et hautement éduqués sont bien représentés.

Jeff Denham, républicain de Turlock, à Central Valley en Californie, fait partie de ces candidats en danger cherchant à tracer sa propre voie.

Sa circonscription compte environ 40% d'électeurs d'origine hispanique. Les analystes affirment que la course est essentiellement un pile-ou-face entre lui et son adversaire démocrate, Josh Harder, qui qualifie de "barbare" la politique de l'administration Trump.

Bien que Denham s'oppose à la séparation des familles, il ne s'est refusé à critiquer Trump ou la politique de tolérance zéro. Il soutient un compromis destiné à garder les familles unies.

La menace pour les républicains dans les circonscriptions indécises est suffisante pour pousser le représentant Steve Stivers à rompre avec Trump. (Il dirige le National Republican Congressional Committee, dont le but est de faire élire des républicains à la Chambre des représentants.)

"Si la politique n'est pas modifiée, je soutiendrai d'autres moyens pour faire cesser la séparation inutile des enfants de leurs parents", écrit Steve Stivers sur Facebook.

(Avec Richard Cowan, John Whitesides et Ginger Gibson à Washington; Danielle Rouquié pour le service français)