USA, Japon et Corée du Sud affichent leur fermeté face à Pyongyang
par Christine Kim et David Brunnstrom
SEOUL (Reuters) - Les ministres des Affaires étrangères des Etats-Unis, du Japon et de la Corée du Sud ont promis jeudi d'oeuvrer ensemble à la dénucléarisation de la Corée du Nord et affiché leur fermeté face à Pyongyang après les concessions faites par Donald Trump lors de son sommet avec Kim Jong-un.
Mike Pompeo, Taro Kono et Kang Kyung-wha se sont retrouvés à Séoul pour se coordonner, deux jours après l'annonce par le président américain de la suspension des manoeuvres militaires conjointes entre les Etats-Unis et la Corée du Sud, qui a jeté le trouble chez les alliés de Washington.
Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a déclaré que les sévères sanctions à l'encontre du régime de Pyongyang seraient maintenues jusqu'à l'abandon total par la Corée du Nord de son programme nucléaire, ce qui semble contredire le point de vue nord-coréen selon lequel le processus agréé lors du sommet de Singapour serait graduel et réciproque.
"Le président Trump a été incroyablement clair à propos de l'enchaînement entre dénucléarisation et levée des sanctions", a affirmé Mike Pompeo. "Nous allons obtenir une dénucléarisation complète. C'est seulement ensuite qu'il y aura levée des sanctions."
Les médias nord-coréens ont rapporté mercredi que Trump et Kim avaient reconnu le principe d'une "action simultanée et étape par étape" pour parvenir à la paix et à la dénucléarisation de la péninsule coréenne.
"UN PROCESSUS QUI NE VA PAS ÊTRE FACILE"
Mike Pompeo a répété l'engagement des Etats-Unis à ce que la dénucléarisation de la Corée du Nord soit "complète, vérifiable et irréversible" et s'est dit convaincu que Kim Jong-un avait compris qu'il était dans son intérêt qu'elle intervienne "rapidement". "C'est un processus, et un processus qui ne va pas être facile", a-t-il cependant reconnu.
Le chef de la diplomatie américaine s'est aussi entretenu à Séoul avec le président sud-coréen Moon Jae-in, qui a estimé, à l'instar de Donald Trump mardi, que le sommet de Singapour avait éloigné le risque d'un conflit nucléaire.
"Il y a eu beaucoup d'analyses sur le résultat du sommet mais je crois que le plus important, c'est que les peuples du monde entier, dont ceux des Etats-Unis, du Japon et les Coréens ont été capables d'écarter le risque d'une guerre, des armes nucléaires et des missiles", a-t-il dit.
S'exprimant jeudi à propos de l'arrêt des manoeuvres, Moon Jae-in, grand artisan du rapprochement de ces derniers mois, a déclaré que la Corée du Sud était prête à se montrer flexible sur cette question.
"Si la Corée du Nord engage avec sincérité des mesures en faveur de la dénucléarisation et si le dialogue entre la Corée du Nord, les Etats-Unis et la Corée du Sud se passe bien, il sera nécessaire de modifier avec souplesse les pressions militaires contre le Nord afin de respecter l'esprit de la Déclaration de Panmunjom" (du 27 avril dernier), a-t-il dit.
PÉKIN SUR LA MÊME LIGNE, DIT POMPEO
Pompeo s'est ensuite rendu à Pékin, où il a souligné que la Chine, à l'instar du Japon et de la Corée du Sud, reconnaissait qu'une étape avait été franchie grâce au sommet de Singapour et que ces trois pays, y compris la Chine, admettaient aussi que les sanctions devaient rester en vigueur tant que la dénucléarisation ne seraient pas "complète".
"La Chine a réaffirmé son engagement en regard des résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu. Celles-ci contiennent des mécanismes d'allègement, et nous sommes convenus qu'au moment approprié, ils seront examinés", a-t-il dit au côté du conseiller d'Etat Wang Yi, le chef de la diplomatie chinoise.
"Mais nous avons très clairement dit que l'allègement des sanctions pour la Corée du Nord n'interviendra qu'après la dénucléarisation totale, la dénucléarisation complète de la Corée du Nord", a-t-il ajouté.
Son interlocuteur a souligné pour sa part le soutien constant des autorités chinoises en faveur d'une dénucléarisation de la péninsule. "Dans le même temps, nous pensons que les inquiétudes raisonnables de la Corée du Nord sur la sécurité devraient être réglées", a ajouté Wang.
TROP DE CONCESSIONS ?
A son retour de Singapour, Donald Trump a affirmé mercredi sur son compte Twitter que la Corée du Nord "ne représent(ait) plus une menace nucléaire".
Aux Etats-Unis, l'opposition démocrate a dénoncé un accord avec Kim Jong-un pauvre en détails et estimé que le président américain avait fait trop de concessions au dirigeant nord-coréen.
Mike Pompeo a assuré jeudi que Trump avait tenu ces propos sur la fin de la menace nucléaire nord-coréenne "avec les yeux grands ouverts".
"Il se pourrait que notre effort ne paie pas mais nous sommes résolus à établir les conditions pour corriger cet échec de plusieurs décennies", a déclaré le secrétaire d'Etat américain à l'issue de son entretien avec ses homologues sud-coréen et japonais.
(avec Michael Martina à Pékin; Tangi Salaün, Jean-Stéphane Brosse et Henri-Pierre André pour le service français)