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USA: Audition publique de Kavanaugh et de son accusatrice lundi

Le candidat de Donald Trump à la Cour suprême des Etats-Unis, le magistrat conservateur Brett Kavanaugh (photo), et la femme qui l'accuse de tentative de viol sont invités à s'exprimer lundi prochain au Sénat. /Photo prise le 6 septembre 2018/REUTERS/Alex Wroblewski

par Lawrence Hurley et Richard Cowan

WASHINGTON (Reuters) - Le candidat de Donald Trump à la Cour suprême des Etats-Unis, le magistrat conservateur Brett Kavanaugh, et la femme qui l'accuse de tentative de viol sont invités à s'exprimer lundi prochain au Sénat, a annoncé le président de la commission judiciaire de la chambre haute.

Le président des Etats-Unis avait déclaré auparavant qu'il était d'accord pour que les auditions par le Sénat de son candidat à la Cour suprême soient retardées par le témoignage de cette femme, Christine Blasey Ford.

L'accusatrice du juge Kavanaugh est sortie ce week-end de son anonymat et a fourni au Washington Post des détails sur l'agression dont elle dit avoir été victime il y a 36 ans dans quand elle-même, âgée alors de 15 ans, et Brett Kavanaugh, qui avait 17 ans, étaient lycéens.

Dans un entretien au quotidien publié dimanche, Christine Blasey Ford, une enseignante en psychologie âgée de 51 ans qui exerce en Californie, accuse Brett Kavanaugh de l'avoir jetée sur un lit, d'avoir essayé de la dévêtir et de l'avoir empêchée de crier en lui plaquant une main sur la bouche.

Le magistrat conservateur, qui a eu une série de réunions lundi à la Maison blanche, nie "catégoriquement et sans équivoque" ces allégations "complètement fausses" selon un communiqué diffusé lundi par la Maison blanche.

Le président de la commission judiciaire du Sénat, Chuck Grassley, a souligné la nécessité d'une audition publique des deux protagonistes.

"Comme je l'ai déjà dit, toute personne qui se présente comme le Dr Ford mérite d'être entendue. Mon personnel a contacté le Dr Ford pour entendre son témoignage et a ensuite eu une conversation téléphonique avec le juge Kavanaugh cet après-midi", a déclaré Chuck Grassley.

"Malheureusement, les démocrates de la commission ont refusé de se joindre à nous dans cette initiative. Cependant, pour assurer une transparence suffisante, nous tiendrons une audition publique lundi pour donner à ces récentes allégations une diffusion complète", a-t-il ajouté.

Cette affaire rappelle les audiences houleuses de confirmation de la nomination du juge de la Cour suprême Clarence Thomas en 1991. Il était accusé de harcèlement sexuel par l'avocate Anita Hill.

SE FAIRE UNE IDÉE

Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a fait savoir qu'il souhaitait procéder à un vote au Sénat réuni en assemblée plénière sur Brett Kavanaugh avant le début de la nouvelle session de la Cour suprême le 1er octobre.

La Maison blanche a paru souhaiter résoudre le problème rapidement.

"Le juge Kavanaugh attend avec impatience une audience où il pourra se disculper de cette fausse allégation. Il est prêt à témoigner demain si le Sénat est prêt à l'entendre", avait déclaré la Maison blanche avant l'annonce du sénateur Grassley.

Les démocrates, déjà farouchement opposés à la nomination de Brett Kavanaugh - sa confirmation pourrait consolider la mainmise conservatrice sur la plus haute juridiction américaine - avaient réclamé un report du vote de la commission pour laisser le FBI enquêter.

La police judiciaire a déclaré lundi soir avoir reçu mercredi dernier une lettre datée du mois de juillet concernant les accusations contre le magistrat et qu'elle l'avait transmise à la Maison Blanche. Le FBI ajoute dans son communiqué que les faits allégués "n'impliquent aucun crime fédéral potentiel".

Les républicains modérés ont également déclaré que Brett Kavanaugh et Christine Blasey Ford devaient être entendus.

"Evidemment, si le juge Kavanaugh a menti sur ce qui s'est passé, ce serait disqualifiant", a déclaré la sénatrice républicaine Susan Collins avant l'annonce de l'audition de lundi. Elle a ajouté qu'elle aimerait avoir la possibilité d'observer le professeur Ford, pour se faire une idée de la crédibilité de son récit.

Les républicains contrôlent le Sénat à une faible marge, ce qui signifie que toute défection pourrait faire capoter la nomination du juge et infliger un revers majeur à Trump, qui veut faire pencher vers la droite la Cour suprême et le système judiciaire en général.

Donald Trump a choisi Brett Kavanaugh pour remplacer le juge Anthony Kennedy, parti à la retraite. Antony Kennedy était de tendance conservatrice mais votait parfois avec l'aile progressiste de la Cour suprême. En l'absence du juge Kennedy, les huit autres magistrats de la Cour suprême sont exactement divisés à 4-4 entre progressistes et conservateurs.

(Avec Steve Holland, Susan Heavey, Amanda Becker, Doina Chiacu et Roberta Rampton; Jean-Stéphane Brosse et Danielle Rouquié pour le service français)