Urgences fermées : le ministre de la Santé, Frédéric Valletoux, contredit par ces chiffres de Samu Urgences de France
Le ministre de la Santé démissionnaire, Frédéric Valletoux, assurait que les tensions aux urgences n’étaient pas « aussi fortes » à l’été 2024 par rapport à « l’an dernier ».
SANTÉ - Deux services d’urgence sur trois ont fermé au moins une fois en juillet et août. « Pour la troisième année consécutive, de nombreux services » ont subi cet été « des difficultés majeures de fonctionnement, en lien avec le manque d’effectif soignant », a déploré Samu Urgences de France, dans sa troisième enquête annuelle sur le fonctionnement estival des urgences, publié ce mardi 17 septembre.
« Le fonctionnement en mode dégradé est devenu habituel », avec « moins de médecins présents pour accueillir un nombre de patients toujours plus important, moins de médecins dans les Smur (ambulances avec médecin pour les urgences vitales), moins de lits pour hospitaliser les patients à partir des services d’urgence », déplore le syndicat.
Le diagnostic est en contradiction avec celui fait pendant l’été par le ministre de la Santé démissionnaire Frédéric Valletoux, selon qui les choses allaient cet été « un peu mieux que l’an dernier », avec des tensions qui n’étaient « pas aussi fortes ».
Une situation pire qu’à l’été 2023, selon Samu Urgences de France
Il est plus proche en revanche de celui fait par la Fédération hospitalière de France (FHF) qui regroupe les hôpitaux publics. Pour celui-ci, le fonctionnement estival des urgences s’était dégradé pour 39 % des établissements, 15 % décelant au contraire une amélioration.
Selon les chiffres de Samu Urgences de France, 61 % des services d’urgences répondants ont dû fermer au moins une ligne médicale (équipe de soins) pendant l’été, contre 57 % l’an dernier.
Côté Smur (structures mobiles d’urgence et de réanimation), Samu Urgences de France a comptabilisé 174 fermetures de lignes, contre 166 l’an dernier. Dans une dizaine de cas, « le secteur couvert a été laissé sans aucune réponse Smur pour répondre à l’urgence vitale », a précisé Samu Urgences de France.
Pour le syndicat, le système hospitalier doit prendre conscience du problème en affichant chaque jour un « indicateur lit brancard » de chaque service d’urgences, c’est-à-dire le nombre de patients attendant un lit d’hospitalisation, au prix d’un risque accru pour leur santé.
Antennes de médecine d’urgence
Et face à la rareté des médecins urgentistes, il est nécessaire également de « réviser le maillage territorial » des urgences, estime le syndicat, pour qui « il n’est plus viable de maintenir tous les services d’urgences » actuels.
Certains services existant aujourd’hui pourraient évoluer en « antenne de médecine d’urgence » (12 heures par jour d’ouverture seulement), et d’autres pourraient être « regroupés », « pour consolider les équipes sur des sites facilement accessibles à la population », indique-t-il. En revanche, il faut maintenir un maillage d’équipe Smur suffisant pour que sur tout le territoire, les urgences vitales puissent être traitées à temps, estime-t-il.
Cet été, la situation a été particulièrement tendue par exemple en Mayenne, où les urgences du centre hospitalier de Laval n’arrivent pas à recruter suffisamment d’urgentistes.
Le problème de l’engorgement estival n’est toutefois pas lié qu’au manque de médecins urgentistes, souligne le syndicat. Selon son étude, les services d’urgences ont aussi de plus en plus de mal à trouver des lits en aval pour hospitaliser leurs patients. Selon ses chiffres, 23 % des établissements étudiés ont fermé plus de lits de réanimation que d’habitude cet été, et 65 % des établissements ont fermé plus de lits en médecine ou chirurgie que les étés précédents.
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