Urgences de Brest: "un mur de la honte" pour alerter sur des délais de prise en charge trop longs

15, 20 voire parfois 30 heures d'attente. Aux urgences de Brest (Finistère), les délais d'attente ne cessent de s'allonger. Entre le 10 juillet et le 7 août, 127 patients de plus de 75 ans ont attendu en moyenne 23 heures aux urgences du centre hospitalier universitaire, au grand désespoir des syndicats et des soignants, comme le rapportent Ouest-France et Le Télégramme.

Un "mur de la honte" a été érigé dans l'entrée du bâtiment par la CGT, où l'on peut observer des exemples de délais excessifs. "M/Mme Q, 75 ans, a passé 30 heures sur un brancard", ou encore un ou une centenaire resté en attente 16 heures.

"Les personnels font ce qu'ils peuvent, ce sont de grands professionnels qui aiment leur travail. Mais on prend des risques. On se retrouve dans une situation où l'on joue avec le feu", dénonce Stéphane Vielmas, infirmier en bloc opération et représentant syndical de la CGT.

Ces conditions d'accueil ne seraient pas sans effet sur la qualité des soins et les chances de survie des patients âgés. Une étude de l'Inserm et de l'AP-HP avait effectivement démontré en 2022 un risque de "surmortalité" de l'ordre de 40% après une nuit passée sur un brancard.

Il explique au Télégramme que cette situation repose notamment sur le fait que "les urgences servent de service d'hospitalisation" à une population de plus en plus âgée, "qui nécessite de plus en plus de soins et une prise en charge de plus en plus longue".

"Tout ça fait que le reste de l'activité est alenti et qu'on se retrouve avec des urgences embolisées", résume le soignant.

"L'ensemble des soignants se mobilise, on n'a pas honte de leur travail"

Comme l'explique Laurence Jullieu-Flageul, coordinatrice générale des soins au CHU de Brest, la situation est sous surveillance. Elle reconnaît qu'il n'est "pas acceptable" de patienter dix heures, sans pour autant confirmer les chiffres des syndicats.

"Les urgences font partie des secteurs pour lesquels il y a une attention toute particulière. Nous surveillons le nombre de patients pris en charge, dont ceux qui ont plus de 75 ans, qui représentent 36 % des patients en juin et en juillet", assure-t-elle à Ouest-France.

La coordinatrice rejette ce "mur de la honte". "L’ensemble des soignants se mobilise pour prendre en charge les patients. On n’a pas honte de leur travail, loin de là", répond-elle à l'action syndicale.

Article original publié sur BFMTV.com