Universités d’été du PS : pourquoi cette rentrée ne concerne pas que les socialistes

Réunis pour leurs traditionnelles universités d’été, les socialistes font face à une situation épineuse, qui a des répercussions à droite comme à gauche.

Les socialistes sont à Blois à partir de ce jeudi 29 août.
BERTRAND GUAY / AFP Les socialistes sont à Blois à partir de ce jeudi 29 août.

POLITIQUE - Une rentrée bruyante. Après des années de relative discrétion, due à des résultats électoraux calamiteux et à une influence amoindrie sur le débat public, les socialistes veulent montrer qu’ils ont encore des choses à dire. « Nous avons conscience d’être redevenus centraux à gauche. De notre attitude dépendent beaucoup de choses », expose un député PS auprès du HuffPost. « Il y a des hauts et des bas. L’histoire du PS a toujours été ainsi faite », balaye aussi une cadre du parti, proche d’Olivier Faure.

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Réunis à Blois (Loir-et-Cher) à partir de ce jeudi 29 août pour leurs universités d’été, ils espèrent trancher un certain nombre de questions qui traversent la vie de leur parti, à commencer par la plus urgente : comment accéder à Matignon, et sur quelle majorité gouverner ? Preuve que les débats de ce week-end auront des conséquences, par effet de domino, sur l’ensemble du champ politique.

« Il y a un problème au PS »

À gauche d’abord. Les partenaires du Nouveau Front populaire observent mi-fébriles mi-inquiets les dissensions internes qui animent le PS. « Il y a un problème au PS, a confirmé Jean-Luc Mélenchon lors de son discours aux Amfis le 24 août. Une partie est acquise à l’idée qu’il faut expulser les Insoumis de la coalition de gauche. C’est le seul problème que rencontre le Nouveau Front populaire. »

L’aile droite du parti, représentée par les motions d’Hélène Geoffroy, la maire de Vaulx-en-Velin, et de Nicolas Mayer-Rossignol, le maire de Rouen, au dernier congrès est en effet de plus en plus critique vis-à-vis de l’union avec La France insoumise. « Nous le savons tous, les provocations de LFI ne cesseront jamais, c’est leur ADN », a martelé Geoffroy lors du dernier bureau national du PS en début de semaine.

Elle a aussi reproché aux Insoumis leur « terrorisme intellectuel » et assure n’avoir « aucune leçon de gauche à recevoir » de leur part. Des propos qui, naturellement, n’ont pas aidé à réchauffer les relations entre partenaires. « Le PS doit clarifier sa position, confie au HuffPost un député LFI proche de Jean-Luc Mélenchon. Est-ce que les socialistes jouent pleinement le jeu de l’union, auquel cas certains d’entre eux doivent cesser de nous tirer dans les pattes en permanence, ou est-ce qu’ils préfèrent quitter le NFP et rejoindre Raphaël Glucksmann dans son aventure personnelle ? ».

Chez les Verts, Marine Tondelier est tout aussi agacée par ceux qui, au PS, seraient tentés de rejoindre Emmanuel Macron. « Je pense qu’ils se trahiraient durablement. L’Histoire les jugera », a-t-elle prévenu sur LCI.

« Certains rêvent de notre disparition »

Sans envisager de participer à une quelconque coalition avec le chef de l’État, la présidente de la région Occitanie Carole Delga estime que Bernard Cazeneuve, dont le nom revient beaucoup pour le poste de Premier ministre, « est un homme d’État, un homme de gauche ». « Il est en capacité de mener des politiques de gauche, de rassembler », loue-t-elle. Des propos qui, là encore, sèment le doute au sein du NFP.

« Madame Delga, pourquoi une telle sortie médiatique alors que le NFP fait bloc derrière Lucie Castets ? », l’a interpellé le député LFI François Piquemal, qui considère que « sauver le président Macron en recyclant ceux qui incarnent le pire des années Hollande ne fait pas une politique de gauche mais le désarroi qui bâtit le terreau du RN ». Même incompréhension chez sa collègue Nathalie Oziol : « Vous dites appartenir au PS, qui soutient Lucie Castets comme Première Ministre. Du coup vous parlez au nom de qui ? »

Dans une interview à Libération, le Premier secrétaire Olivier Faure a tenté d’éteindre le début d’incendie, condamnant « les jeux » de ceux qui, au PS, « affaiblissent le parti et donnent un angle d’attaque à toutes celles et ceux qui rêvent de notre disparition. » Mais, rappelle-t-il, « tous les socialistes soutiennent le NFP et considèrent que nous ne pouvons pas devenir les supplétifs de la macronie ».

Un message destiné à ses opposants internes, autant qu’à Emmanuel Macron. Car le Président cherche par tous les moyens à fissurer la coalition de gauche et à amener vers lui un nombre conséquent de socialistes en capacité de construire une majorité qui irait, comme le rappellent plusieurs de ses lieutenants, « de la droite sociale à la gauche républicaine ». Un remake de 2017 en somme, mais, surtout, l’une des clés pour sortir de l’impasse politique provoquée par la dissolution et les résultats des élections législatives. Dans Le Monde, l’entourage du chef de l’État juge que les propos de la présidente d’Occitanie vont « dans le bon sens ».

Ce à quoi s’oppose fermement Olivier Faure. Mais l’Élysée n’en démord pas et voit dans les débats internes au PS la preuve que le NFP est « idéologiquement fracturé » et que ses membres « ne sont d’accord sur rien », selon un proche du président interrogé par l’AFP. Les débats organisés à Blois jusqu’à samedi devraient donc être très scrutés à gauche mais aussi par la Macronie. Qui aurait pu prédire que le PS, si souvent décrit comme un « astre mort » depuis 2017, allait autant attirer les regards et s’avérer décisif pour faire sauter le verrou de Matignon ?

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