La scission de United Tech ne convainc pas le marché

(Reuters) - United Technologies a annoncé lundi sa scission en trois entités distinctes, l'une regroupant les activités aéronautiques, une autre les ascenseurs et la troisième les équipements pour bâtiments, un projet qui peine à convaincre les investisseurs.

Le titre, qui a perdu jusqu'à 6,8%, lâchait encore près de 6% à 120,62 dollars vers 17h10 GMT, plus forte baisse du Dow Jones, qui reculait de 0,16% à ce stade.

Le délai prévu pour cette scission, de 18 à 24 mois, risque de peser sur l'action à court terme, car les opérations de cette ampleur peuvent être source de désorganisation pour l'ensemble du groupe, estime Sheila Kahyaoglu, analyste chez Jefferies

Il n'y a rien "de mauvais" avec ce projet, mais les attentes en matière de potentiel caché de valeur étaient juste trop élevées", dit un actionnaire d'UTC souhaitant garder l'anonymat.

Avec une capitalisation boursière de plus de 102 milliards de dollars (90 milliards d'euros), United Technologies va ainsi procéder à l'une des plus importantes scissions d'entreprise de l'histoire industrielle.

Cette décision a été annoncée en même temps que la finalisation du rachat de l'équipementier aéronautique Rockwell Collins pour 30 milliards de dollars.

Au début de l'année, Gregory Hayes, PDG de United Technologies, avait dit que le groupe déciderait d'ici fin 2018 s'il était mieux valorisé en tant que conglomérat ou en trois entités distinctes.

Deux fonds activistes, Third Point, dirigé par le milliardaire Daniel Loeb, et Pershing Square Capital Management, de William Ackman, avaient encouragé la direction de United Technologies à franchir le pas du démantèlement.

"Notre décision de scinder United Technologies est un tournant dans notre histoire (...) elle placera chaque entreprise dans un position optimale en vue d'une croissance durable", déclare Gregory Hayes, cité dans un communiqué.

DANS LES PAS DE DOWDUPONT, HONEYWELL, GE

Avant United Technologies, d'autres géants industriels américains ont annoncé des scissions ou des cessions de pans entiers de leurs activités, comme DowDupont, General Electric ou Honeywell.

En Europe, le conglomérat allemand Thyssenkrupp a annoncé fin septembre qu'il allait se scinder en deux entités cotées, l'une concentrée sur les biens d'équipement et l'autre reprenant le reste des actifs. Et, selon des sources, le suisse ABB va se séparer de sa division Power Grids, qui représente environ un quart de son chiffre d'affaires.

Sous son nom actuel de United Technologies, le groupe conservera ses activités aéronautiques, dont surtout Rockwell Collins et les moteurs d'avions Pratt & Whitney, le tout représentant un chiffre d'affaires pro forma au titre de 2017 de 39 milliards de dollars.

Dans le cadre d'un transfert, non-imposable, à ses actionnaires, l'entreprise cédera d'une part Otis, entité qui comprend les ascenseurs, les escalators et les tapis roulants et qui a affiché des ventes de 12,3 milliards de dollars l'an dernier.

D'autre part, United Technologies se séparera de Carrier, un fournisseur de systèmes d'air conditionné, de ventilation et autres équipements pour bâtiments, dont le chiffre d'affaires a totalisé 17,8 milliards l'an dernier.

Le groupe précise que Gregory Hayes conservera son poste de PDG de United Technologies à l'issue de la scission, qui devrait être achevée d'ici 2020.

Pour 2018, l'entreprise a légèrement revu en hausse sa prévision de chiffre d'affaires pour tenir compte de l'intégration de Rockwell Collins. Elle anticipe désormais des ventes totales comprises entre 64,5 et 65 milliards de dollars, contre une fourchette précédente allant de 64 à 64,5 milliards.

En revanche, en termes de bénéfice par action ajusté, le groupe a abaissé ses prévisions, interrompant ainsi une série de trois relèvements depuis le début de l'année. Il attend son bénéfice par action dans une fourchette de 7,10 à 7,20 dollars contre 7,20 à 7,30 dollars auparavant.

Au cours de clôture de lundi de 127,98 dollars, le titre United Tech était en hausse de 0,32% depuis le début de l'année, après +16,4% en 2017, contre respectivement -0,32% et +25% pour le Dow Jones.

(Ankit Ajmera à Bangalore et Greg Roumeliotis à New York, Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Marc Joanny)