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Unilever pense à ses actionnaires après avoir écarté Kraft

par Martinne Geller

LONDRES (Reuters) - Unilever a annoncé jeudi un programme de rémunération de ses actionnaires de plusieurs milliards de livres, voulant prouver sa capacité à générer de la croissance en tant qu'entité indépendante après le rejet en février de la proposition de fusion de Kraft Heinz.

Cette annonce intervient au terme d'un examen interne pratiqué par le groupe de produits de grande consommation à la suite de l'OPA hostile de 143 milliards de dollars (134 milliards d'euros) de son concurrent américain.

Unilever a dévoilé un programme de réductions des coûts, la vente de son activité produits à tartiner, dont les ventes déclinent, et un réexamen de sa structure juridique bicéphale.

Unilever a également annoncé un rachat d'actions de cinq milliards d'euros, une première depuis 2008, et une augmentation de 12% du dividende cette année.

Dans les semaines qui avaient suivi l'annonce de la revue interne, certains analystes avaient spéculé sur une scission d'Unilever en deux entités mais les dirigeants ont fait savoir qu'un tel projet n'était pas dans les cartons et ont réaffirmé qu'il y avait une logique à conserver les deux activités.

"Nous devons accélérer nos plans pour générer de la valeur plus rapidement, et c'est ce que les événements de février (le rejet de l'offre de Kraft) nous ont appris", a déclaré le directeur général Paul Polman.

Les dirigeants d'Unilever ont dit qu'ils poursuivaient leur stratégie de croissance régulière des ventes sur le long terme, une stratégie qui a l'aval des investisseurs, au vue de discussions tenues avec les 50 premiers d'entre eux.

Le conglomérat vise toujours une croissance des ventes de 3% à 5% cette année, à l'appui d'un effort commercial de l'ordre de 30 milliards d'euros étalé jusqu'en 2020.

AMÉLIORATION DE LA MARGE

Unilever a dit qu'il accélérait la mise en oeuvre de son plan d'économies et qu'il visait une marge opérationnelle de 20%, avant restructuration, d'ici à 2020, contre 15,3% en 2016.

Le directeur financier Graeme Pitkethly a déclaré à Reuters que l'essentiel de la croissance de la marge serait réalisé par les activités alimentaires, qui intégreraient désormais le pôle rafraîchissements, où l'on trouve les crèmes glacées et le thé.

Le groupe anglo-néerlandais vise aussi une dette nette représentant le double de son excédent brut d'exploitation (EBE, Ebitda), une augmentation destinée en partie à financer des acquisitions mais Pitkethly a précisé que la stratégie en matière de grosses fusions n'avait pas changé.

Il a ajouté qu'Unilever songeait à transformer sa structure bicéphale - en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas - en une entité unique mais il a observé que sa décision définitive ne serait pas influencée par le Brexit.

Le directeur financier a ajouté que l'activité pâtes à tartiner et margarine, l'un des piliers fondateurs du groupe, avait déjà suscité beaucoup d'intérêt, notamment de la part de fonds de capital investissement.

Le titre Unilever coté à Londres gagnait 0,5% à 3.960,5 pence vers 10h00 GMT, surperformant l'indice Footsie qui perdait 0,5% au même moment.

(Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)