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Bénéfice inattendu pour UniCredit au 4e trimestre

par Silvia Aloisi

MILAN (Reuters) - UniCredit a dégagé au quatrième trimestre un bénéfice inattendu mais cette bonne nouvelle est éclipsée par les spéculations sur l'avenir de l'administrateur délégué, qui passe pour avoir perdu le soutien de plusieurs actionnaires influents et risque de ce fait d'être poussé vers la sortie.

Mais, dans un communiqué publié après la publication des comptes de 2015, le conseil d'administration de la première banque italienne par l'actif a fait savoir qu'il exprimait sa totale et unanime confiance envers Federico Ghizzoni.

Les résultats sont meilleurs que ce que le marché attendait et le niveau de capital atteint par la banque autorise une confiance plus franche envers sa capacité à atteindre ses objectifs pluriannuels, explique le conseil d'administration.

UniCredit a publié mardi un bénéfice net de 153 millions d'euros au titre du dernier trimestre 2015 alors que le consensus des analystes fourni par la banque elle-même donnait une perte de 140 millions d'euros.

Ce solde positif tient à un produit net des intérêts plus élevé que prévu et à une diminution des charges pour dépréciation des créances.

Sur l'ensemble de l'année, le bénéfice net s'élève à 1,7 milliard d'euros contre deux milliards un an plus tôt.

Pour la troisième année consécutive, la banque propose de verser un dividende payable en actions. Selon certaines sources, ce recours répété au dividende en titre figure d'ailleurs parmi les raisons du mécontentement de certains actionnaires vis-à-vis de l'administrateur délégué, Federico Ghizzoni.

L'actionnaire vétéran Leonardo Del Vecchio, qui a une participation d'un peu moins de 2%, est le premier actionnaire à avoir dit publiquement, lundi, qu'il faudrait peut-être un changement d'équipe à la tête de la banque.

Ce malaise se reflète dans la réaction de l'action en Bourse de Milan puisqu'elle cédait 7,4 à 2,79 euros dans la dernière demi-heure d'échanges. Le titre a perdu 45% de sa valeur depuis le début de l'année, soit dix points de plus que l'indice de référence du secteur bancaire italien.

La médiocre performance de l'action est également un grief adressé par les actionnaires à Ghizzoni, tout comme la rentabilité, inférieure à celle d'Intesa Sanpaolo, le principal concurrent du groupe. Au point que, selon certaines sources, Ghizzoni pourrait démissionner avant l'assemblée générale de la mi-avril.

UniCredit a fait état d'un ratio de fonds propres durs de 10,94% sur une base pro forma, en prenant pour hypothèse un taux d'acceptation de 75% pour le paiement du dividende de 0,12 euro en titres. Les actionnaires peuvent aussi choisir une rémunération en numéraire.

Même si le ratio prudentiel est supérieur aux attentes, il risque d'être insuffisant pour apaiser ceux qui redoutent de voir la banque contrainte d'augmenter son capital, une éventualité que Ghizzoni a écarté à plusieurs reprises.

Ce ratio est inférieur à celui de 13,1% d'Intesa et à ceux de plusieurs concurrentes européennes.

Les comptes du quatrième trimestre sont marqués par une série d'éléments exceptionnels, notamment 214 millions d'euros de charges de restructuration liées à un plan de redressement des résultats prévoyant 18.000 suppressions d'emplois et une réorganisation de la filiale autrichienne.

(Avec Valentina Za,; Bertrand Boucey et Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Angrand)