Une visite d'Etat aux accents "2.0" pour Hollande aux Etats-Unis

François Hollande entame ce lundi un périple aux Etats-Unis qui le conduira du bureau ovale de la Maison Blanche à San Francisco, dans le cadre d'une visite d'Etat de trois jours. /Photo prise le 3 février 2014/REUTERS/Benoît Tessier

par Julien Ponthus PARIS (Reuters) - François Hollande entame ce lundi un périple de trois jours aux Etats-Unis qui le conduira du bureau ovale de la Maison Blanche à San Francisco, où il rencontrera les dirigeants des géants de l'internet américain comme Google, Twitter ou Facebook. Premier dirigeant français depuis Jacques Chirac en 1996 à se voir accorder les honneurs d'une visite d'Etat, le président français compte effectuer à Washington, lundi et mardi, un tour d'horizon diplomatique complet avec Barack Obama tout en sacrifiant à un programme protocolaire très chargé. Les négociations en cours pour mettre un terme à la guerre civile en Syrie -"un des sujets bilatéraux permanents de préoccupation et de dialogue" selon l'Elysée- devraient être, avec le programme nucléaire iranien, au coeur de leurs entretiens. François Hollande profitera aussi de son tête-à-tête avec le président américain pour évoquer la coopération américaine aux opérations françaises en Centrafrique et au Mali. La crise politique ukrainienne devrait aussi être abordée, l'occasion pour Barack Obama de s'expliquer sur le peu diplomatique "que l'UE aille se faire foutre", proféré sur ce sujet par la secrétaire d'Etat adjointe Victoria Nuland lors d'une conversation enregistrée à son insu. Une conférence de presse commune prévue à midi, mardi, permettra aux deux hommes de faire le point sur leurs échanges. La Maison Blanche, qui ne réserve qu'à une poignée de chefs d'Etat le faste d'une telle visite, a préparé un programme censé illustrer les liens d'amitié qu'entretiennent les Etats-Unis avec leur allié bicentenaire. UN CÉLIBATAIRE À LA MAISON BLANCHE François Hollande embarquera ainsi lundi à bord de l'"Air Force One" du président américain pour la Virginie où les deux hommes visiteront le domaine de Monticello, l'ancienne demeure de Thomas Jefferson, troisième président des Etats-Unis et ambassadeur en France de 1785 à 1789. Alors que la France s'apprête à célébrer le 70e anniversaire du débarquement de Normandie auquel est invité en juin Barack Obama, la mémoire de la Seconde Guerre mondiale sera honorée avec une cérémonie de décorations de vétérans. Point d'orgue des festivités, un dîner d'Etat à la Maison Blanche auquel le président assistera en célibataire après sa séparation d'avec Valérie Trierweiler, une actualité dont la presse américaine s'est délectée. Seul bémol à la visite, François Hollande ne fera pas de discours devant le Congrès, un exercice pourtant traditionnel mais écarté officiellement pour cause d'agenda. Le volet économique du déplacement débutera mardi à Washington avec une rencontre de grands patrons américains comme Zein Abdalla, président du conglomérat agroalimentaire Pepsico ou Ellen Kulman, directrice générale du groupe chimique américain DuPont. Il se poursuivra mercredi à San Francisco, où François Mitterrand fit étape en 1984. Accompagné d'entrepreneurs comme Frédéric Mazzella, fondateur du site de covoiturage Blablacar ou Vincent Ricordeau du site de financement participatif Kisskissbankbank, François Hollande tentera de faire passer le message que la France n'est pas l'enfer fiscal et administratif dont elle a parfois la réputation. Si le chef de l'Etat a commencé son quinquennat avec un conflit avec les entrepreneurs "pigeons", qui l'accusaient de faire fuir les créateurs d'entreprises, il s'est depuis lancé dans une opération de séduction envers les jeunes entrepreneurs. Il s'est ainsi fixé l'ambition de faire de la France une "start-up république", sur le modèle d'Israël, surnommé la "start-up nation" pour son vivier d'entrepreneurs. "START-UP REPUBLIQUE" François Hollande déjeunera avec la présidente de Mozilla, Winifred Baker, le fondateur de Twitter Jack Dorsey, Sheryl Sandberg de Facebook et Eric Schmidt, le président exécutif du moteur de recherche Google auquel le fisc français réclamerait un milliard d'euros, selon des informations de presse. François Hollande pourrait s'expliquer à cette occasion sur son plaidoyer pour une harmonisation mondiale des pratiques fiscales afin d'empêcher l'optimisation agressive pratiquée sur une vaste échelle par certains géants de l'économie numérique. Le Conseil national du numérique estime qu'en France, pour des revenus compris entre 2,5 et 3 milliards d'euros par an, quatre des plus grandes entreprises de l'économie numérique ne versent que quatre millions d'euros d'impôt sur les sociétés au lieu des 500 millions d'euros dont elles seraient en principe redevables. François Hollande visitera dans l'après-midi, avec le maire de San Francisco, le "US French Tech Hub", un lieu qui se veut une vitrine des sociétés innovantes françaises comme Sculpteo, qui propose des services d'impression en 3D, ou Carmat, rendue célèbre pour son coeur artificiel implanté avec succès sur un patient français.