Une trêve de douze heures en vigueur à Gaza

Sur un marché à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Une trêve humanitaire de douze heures entre Israël et les groupes armés palestiniens est entrée en vigueur samedi matin dans la bande de Gaza, après une nuit de nouveaux combats qui ont encore alourdi le bilan. /Photo prise le 26 juillet 2014/REUTERS/Ibraheem Abu Mustafa

par Nidal al-Mughrabi et Ari Rabinovitch GAZA/JERUSALEM (Reuters) - Une trêve humanitaire de douze heures entre Israël et les groupes armés palestiniens est entrée en vigueur samedi matin dans la bande de Gaza, après une nuit de nouveaux combats qui ont encore alourdi le bilan. Selon le ministère gazaoui de la Santé, des tirs de char ont tué dans la matinée, peu avant le début de la trêve, 18 personnes appartenant à une même famille et ont blessé de nombreuses autres personnes dans le sud de l'enclave. Depuis le déclenchement des hostilités le 8 juillet, le bilan s'élève à 940 morts palestiniens, selon les autorités médicales de Gaza, en comptant les corps découverts dans les décombres à la faveur de l'accalmie, censée tenir jusqu'à 20h00 (17h00 GMT). Aux pertes palestiniennes s'ajoutent 37 soldats israéliens tués, dont deux dans les affrontements de la nuit, et trois civils tués par des tirs de roquettes venus de Gaza. Durant la nuit, l'armée israélienne a confirmé qu'elle cesserait le feu mais précisé qu'elle continuerait de rechercher les tunnels utilisés par les activistes à l'intérieur de la bande de Gaza. Du côté palestinien, un porte-parole du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007, a annoncé que l'ensemble des factions combattantes palestiniennes respecteraient la pause. Dans les minutes suivant le début de la trêve, tandis que les équipes de secours progressaient dans les décombres à la recherche de corps, des centaines de Palestiniens ont investi les rues, pour examiner les dégâts subis par leurs maisons, retirer de l'argent aux guichets des banques ou faire des provisions. A Beït Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza, certains habitants, qui se ne s'étaient pas vus pendant plusieurs jours, sont tombés dans les bras les uns des autres au milieu des gravats. "On a vécu une nuit d'horreur. Les bombes sont tombées tout autour de la maison", a raconté une habitante de cette ville, en partie vidée de ses 30.000 habitants. "Nous espérons que le calme va durer et qu'ils trouveront une solution." RÉUNION DE SOUTIEN AU QUAI D'ORSAY Les efforts pour mettre en place une trêve durable se sont poursuivis ce samedi à Paris, où la France accueillait, autour de son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, ses homologues américain, britannique, allemand, italien, turc, qatari et le représentant de l'Union européenne. La réunion se tient en appui des initiatives en cours et particulièrement de l'initiative égyptienne, précise le Quai d'Orsay dans un communiqué. L'objectif est de "tenter de construire une trêve durable à Gaza". Le Hamas exige la levée du blocus exercé par Israël et l'Egypte sur la bande de Gaza avant d'accepter toute trêve de longue durée. Israël insiste sur le fait qu'un cessez-le-feu doit permettre tout de même à l'armée de continuer à rechercher les tunnels creusés par le Hamas pour mener des infiltrations en territoire israélien. Les combats se sont poursuivis dans la nuit de vendredi à samedi, alors même que le secrétaire d'Etat américain John Kerry, en visite dans la région, mène les efforts internationaux pour que les armes se taisent. D'après Achraf al Kidra, porte-parole du ministère de la Santé gazaoui, les 18 personnes tuées samedi matin dans un village à l'est de Khan Younès se trouvaient piégées dans leur domicile depuis jeudi. Des responsables gazaouis avaient auparavant annoncé que cinq personnes avaient été tuées par des frappes aériennes au cours de la nuit. VIOLENCES EN CISJORDANIE Des activistes palestiniens ont tiré une nouvelle salve de roquettes vers Israël, et les sirènes d'alerte se sont déclenchées dans une bonne partie du sud et du centre de l'Etat hébreu. On ne signalait cependant aucun blessé, les missiles intercepteurs de "Dôme de fer" ayant anéanti en vol quelques uns de ces projectiles. Le conflit de Gaza a désormais des répercussions en Cisjordanie occupée, où huit Palestiniens ont été tués vendredi dans des troubles survenus près des villes de Naplouse et de Hébron, ont rapporté des médecins. Jeudi soir, 10.000 manifestants avaient marché près de Ramallah, capitale de l'Autorité palestinienne, en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza. Les manifestants s'étaient heurtés à un poste de contrôle de l'armée israélienne, lançant des cailloux et des cocktails Molotov, et selon des médecins palestiniens un manifestant a été tué par balles et 200 autres ont été blessés par l'armée. (avec Arshad Mohammed à Paris et Maayan Lubell à Jérusalem; Eric Faye et Simon Carraud pour le service français; édité par Henri-Pierre André)